Infectiologie

Covid-19 : l'efficacité de la vaccination est validée dans le monde réel

Une couverture vaccinale contre la Covid-19 élevée est associée à des taux plus faibles d'incidence et de mortalité liées à l’infection. C’est ce qui ressort d’une analyse comparative dans 2558 comtés et 48 états aux États-Unis, pendant les périodes de circulation des variants Alpha et Delta.

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  • 09 Mai 2022
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    Les premiers vaccins contre la Covid-19 (vaccins à ARNm Pfizer-BioNTech et Moderna) ont été administrés dans le cadre d'une autorisation d'urgence à partir de décembre 2020, un an seulement après le début de la pandémie, une innovation qui n’était pourtant pas espérée aussi rapidement. Cette autorisation d'utilisation a été accordée sur la base de larges essais contrôlés, qui ont montré innocuité de ces vaccins et démontré que l'immunisation obtenue protégeait un pourcentage remarquablement élevé (>90%) de personnes contre une infection symptomatique ou une forme grave.Mais la vaccination peut-elle prévenir la maladie, en dehors du cadre particulier des essais cliniques ? Une très large étude en vie réelle des Centers for Diseases Control (CDC) aux USA, publiée dans The BMJ, démontre que oui.

    À partir d’une analyse sur 30 643 878 cas de Covid-19 et 439 682 décès associés, survenus dans 2558 comtés de 48 états américains, il est possible de déterminer qu’une amélioration de 10% de la couverture vaccinale est associée en moyenne à une réduction de 7% de l'incidence (IC à 95% de 6 à 8%) et de 8% des taux de mortalité (IC à 95% de 8 à 9%), pendant les périodes de circulation des variants alpha et delta.

    Une analyse comparative par comté aux USA

    Les chercheurs des CDC ont mesuré l'efficacité des vaccins à ARNm Pfizer et Moderna en comparant les taux d'incidence et de mortalité liés à la Covid-19 déclarés dans les comtés américains ayant des pourcentages très faibles (0-9%), faibles (10-39%), moyens (40-69%) et élevés (≥ 70%) chez des adultes ayant reçu au moins une dose de vaccin. Les chiffres correspondants à la réduction de l'incidence des cas par rapport aux comtés les moins vaccinés sont de 57%, 70% et 80%.

    L'impact sur la mortalité a été similaire au cours de la seconde moitié de 2021, lorsque le variant delta est devenu prédominant aux États-Unis, avec des effets plus faibles sur l'incidence.

    Cette évaluation est basée sur plus de 30 millions de cas de Covid-19 et plus de 400 000 décès liés à la Covid-19, qui ont été signalés entre décembre 2020 et décembre 2021 au cours de la deuxième année de la pandémie (variants Alpha et Delta) dans 2558 comtés de 48 États américains, soit près de 80% de la population américaine.

    Un ciblage des personnes fragiles en priorité

    À la lecture de cette analyse, il est clair que les comtés qui ont la couverture vaccinale la plus élevée ont moins de cas et de décès Covid-19 par habitant. L'efficacité mesurée dans les comtés ayant une couverture vaccinale élevée est d'une ampleur cohérente à celle des essais. Par contre, la vaccination aurait un effet disproportionné dans les comtés à couverture faible et moyenne. Par exemple, une augmentation de la couverture de seulement 20% (de très faible à faible) et 50% (de très faible à moyenne) entraîne des réductions de la mortalité de 60% et 75%, respectivement.

    D’après les chercheurs des CDC, la vaccination profiterait à l’ensemble des communautés, et c'est évidemment le cas lorsque la couverture est élevée. Mais, même si leurs données ne montrent pas d'immunité collective, une explication probable de cet effet bénéfique disproportionné dans les comtés à couverture faible et moyenne est que les campagnes de vaccination y ont d'abord ciblé les personnes âgées et fragiles, qui sont les plus exposées au risque de forme grave de la maladie et de décès.

    Des décès qui auraient pu être évités

    Selon un éditorial indépendant associé, les résultats de cette étude montrent clairement que beaucoup plus de vies auraient pu être sauvées si la couverture vaccinale de la population avait été encore plus élevée. Il s’agit également d’un argument majeur pour rester à jour dans ses vaccinations face à l'affaiblissement de l'immunité au fil du temps et à l’apparition inéluctable de nouveaux variants du SARS-CoV-2.

    Cette étude pose la question des décès qui auraient pu être évités si la politique et la désinformation ne s’étaient pas opposées à son élargissement, voire sa généralisation : les comtés les moins vaccinés, probablement dans les états opposés à la vaccination, sont ceux où la réduction de la mortalité est la plus faible. Maintenant que ces données sont disponibles, et quand on vas regarder ces résultats par état, quelques questions douloureuses risquent d’être posées aux gouverneurs populistes et aux relayeurs de Fake-news voire, comme c’est aux États-Unis, des procès et des demandes d’indemnisation.

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    JDF