Onco-digestif
Cancer colorectal métastatique RAS sauvage : quelle 1ère ligne ?
De nouvelles possibilités de combinaisons thérapeutiques permettent de questionner le traitement de 1èreligne du cancer colorectal métastatique, selon notamment la localisation du primitif. L’ajout du cétuximab au mFOLFORIXI peut avoir des bénéfices par rapport à une stratégie mFOLFOXIRI + Bévacizumab.
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Le triplet de chimiothérapie FOLFOXIRI, combiné au bévacizumab ou au panitumumab a déjà montré sa supériorité en termes de réponse tumorale précoce (« ETS : early tumor shrinkage ») et de profondeur de réponse (« DpR : depth of response ») en comparaison au doublet de chimiothérapie avec thérapies ciblées chez les patients atteints de cancer colorectal métastatiques (mCRC), RAS non muté, respectivement dans les essais TRIBE ou VOLFI.
Méthodologie de l’essai DEEPER (JACCRO CC-13)
Il s’agit d’un essai japonais, de phase II, randomisé, en ouvert, incluant des patients atteints de mCRC RASnon muté, en 1ère ligne et comparant directement 2 stratégies de traitement :
- mFOLFOXIRI + Cétuximab (cétux) jusqu’à 12 cures puis maintenance LV5FU2-cétux et
- mFOLFOXIRI + Bévacizumab (béva) jusqu’à 12 cures puis maintenance LV5FU2-béva.
Le critère de jugement principal est la profondeur de réponse tumorale (DpR). Une stratification selon plusieurs critères, dont la localisation du primitif (droit/gauche) a été pré-planifiée.
Principaux résultats
Au total 359 patients ont été inclus entre 2015 et 2019. Parmi eux, 173 et 175 patients ont été respectivement randomisés dans les bras mFOLFOXIRI-cétux et mFOLFOXIRI-béva.
En population per-protocole, on distingue une différence significative de médiane de profondeur de réponse (DpR) en faveur du bras mFOLFOXIRI-cétux : 57,4 % (-15,0 ; 100) versus 46,0 % (-0,6 ; 100) dans le bras mFOLFOXIRI-béva (p = 0,0010). L’ETS évalué à 8 semaines et le taux de réponse objective comme critères de jugement secondaires étaient respectivement à 77,8% et 69,1% dans le bras mFOLFOXIRI-cétux versus 74,6% et 71,7% dans le bras mFOLFOXIRI-béva, sans différence significative. Le taux de résection R0 (IC95) était similaire dans les 2 bras, soit 28,6 % (21,9-35,3) dans bras mFOLFOXIRI-cétux versus 30,6 % (23,8-37,5) dans le bras mFOLFOXIRI-béva
Sous mFOLFOXIRI-cétux, le DpR médian variait selon la latéralité du primitif. Ainsi, dans ce bras de traitement avec cétux, la profondeur de réponse était de 60,3% pour un cancer du côlon gauche versus 50,0% pour un cancer du côlon droit (p = 0,0007). A contrario, il n’y avait pas de variation significative de DpR selon la latéralité dans le bras mFOLFOXIRI-béva. Il n’y avait pas non plus de différence significative en termes de taux de réponse objective (p = 0,6047) et de taux de contrôle tumoral (p = 0,0963) entre les 2 bras.
Discussion et perspectives
L’étude japonaise DEEPER (JACCRO CC-13), chez des patients atteints de mCRC RAS non muté, est positive sur son critère de jugement principal, la profondeur de réponse tumorale, qui est significativement plus important dans le bras triplet de chimiothérapie associé au cétuximab. On peut toutefois discuter la pertinence clinique de ce critère par rapport à la survie, que cela soit la survie sans progression ou la survie globale, données qui ne sont pas encore matures dans cet essai.








