Médecine générale

Télémédecine : certains médecins abusent

La pratique de la télémédecine a fait un bond en 2020 dans le contexte de la pandémie. Bien utile dans certaines circonstances, des abus existent avec un retentissement sur la qualité des soins. Le CNOM fait le point sur ce mésusage.

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  • 01 Mars 2021
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    Les téléconsultations ont connu un essor fulgurant l'année dernière dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Un développement intensif qui a fait émerger des questions d'ordre déontologique auxquelles le Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM) répond dans un rapport sur les mésusages possibles.

    Les interrogations concernent notamment l'exercice exclusif de la médecine en téléconsultation.

    L'exercice exclusif de la télémédecine n'est pas déontologique

    Pour le CNOM, « La prise en charge de patients, exclusivement en téléconsultation, porte atteinte aux exigences déontologiques de qualité, de sécurité et de continuité des soins ». La justification est d'ordre clinique tout d'abord. Il apparaît essentiel qu'un médecin ait la possibilité à chaque fois que cela est souhaitable de procéder à un examen clinique.

    Ce qui n'est pas le cas si le médecin consulte uniquement à distance. Qui plus est pour effectuer une téléconsultation prise en charge par l'Assurance Maladie dans un cadre conventionnel, le patient doit avoir eu une consultation en présentiel dans les 12 mois précédant la téléconsultation.

    La deuxième justification concerne le parcours de soins.

    L'exercice exclusif de la télémédecine est le plus souvent pratiqué par des médecins exerçant sur des plateformes commerciales nationales où les médecins sont interchangeables et exercent loin du lieu de résidence des patients.

    Il apparaît impossible d'un point de vue déontologique pour le CNOM qu'une prise en charge puisse être effectuée sans ancrage territorial ni connaissance du tissu sanitaire local. Cela conduit à des consultations hors parcours de soins qui là encore ne permettent la réalisation de téléconsultation conventionnées avec la CPAM. 

    La pratique clinique doit rester le pilier de l'exercice médical

    Au-delà du questionnement d'une pratique conventionnelle de la télémédecine, se pose la question de la place de l'exercice clinique dans la pratique médicale. Le CNOM rappelle alors que « l'examen clinique reste le pilier de la prise en charge du patient et est indispensable ». Donc même si les prouesses technologiques permettent certains « examens cliniques » à distance, les avantages d'une consultation en présentielles n'y sont pas égalés.

    La télémédecine doit donc être une aide à la prise en charge des patients mais ne doit pas en constituer l'exclusivité. Tout comme pour les médecins cette pratique peut être un appui dans certains contextes (pandémie, patients ne pouvant se déplacer...), elle ne doit pas constituer son unique activité par risque comme le rappelle le CNOM « d'insuffisance professionnelle [...] par perte prolongée d'expérience clinique ». 

    Une évolution technologique

    La pratique de la télémédecine constitue évidemment une évolution technologique bénéfique pour les patients dans certaines circonstances. Mais comme toute pratique, des abus existent et l'usage exclusif en est un. Sa pratique se fait au détriment de la qualité des soins, ce qui n'est pas acceptable.

    A ce titre, le CNOM demande aux Conseils départementaux de recenser les médecins ayant une activité de téléconsultation exclusive et leur faire part de la nécessité de poursuivre une activité clinique.

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