Oncologie
Cancer du sein RH+/HER2+ : plus le nératinib est introduit tôt en adjuvant, mieux c’est
L’actualisation des données de l’étude ExteNET, évaluant l’adjonction du nératinib en adjuvant des cancers du sein RH+/HER2+, démontre une augmentation de l’efficacité du traitement lorsque celui-ci est introduit précocement, soit moins d’un an après la fin du traitement par trastuzumab.
- SerhiiBobyk/istock
Bien que grandement améliorées par l’arrivée des traitements anti-HER2, environ 25% des patientes avec un cancer du sein HER2+ ayant bénéficié d’une prise en charge adjuvante standard par trastuzumab, vont avoir une récidive dans les 10 ans.
Dans l’objectif d’améliorer la survie sans récidive, l’étude ExteNET a évalué l’intérêt de l’adjonction du nératinib, un inhibiteur irréversible de tyrosine kinase PAN-HER, en adjuvant après traitement standard néoadjuvant/adjuvant par trastuzumab chez les patientes souffrant d’un cancer du sein HER2+/RH+ de stade précoce. Les résultats à 2 ans montrent un bénéfice significatif avec une augmentation de la survie sans maladie invasive dans le groupe nératinib (HR à 0.66, p=0.008), confirmés sur les données à 5 ans (HR à 0.73, p=0.008).
Introduction du nératinib moins d’un an après la fin du traitement par Trastuzumab.
Les résultats actualisés de l’étude ExteNET, publié par Chan et al dans le Clinical Breast Cancer, concernent les sous-groupes de patientes HER2+/RH+, ayant débuté leur traitement moins d’un an après la fin du trastuzumab. Ils confirment cette tendance avec une augmentation significative de la survie sans maladie invasive, un bénéfice en survie globale à 8 ans, et moins d’évolutions cérébrales.
En pratique, 1334 patientes ont initié leur traitement dans l’année suivant le trastuzumab (670 patientes dans le bras nératinib et 664 dans le bras placebo) et 297 patientes plus d’un an après (146 dans le bras nératinib et 151 dans le bras placebo). Le nératinib était pris quotidiennement à la dose de 240 mg, pendant 1 an ou jusqu’à récidive ou tolérance inacceptable. Le critère de jugement principal était la survie sans maladie invasive, et les critères de jugement secondaires, la survie sans maladie, la survie globale, la tolérance et l’apparition de métastase cérébrale.
Dans le groupe de traitement < 1an, la durée moyenne d’introduction du traitement post trastuzumab était de 3.1 mois dans le bras nératinib et 3.3 mois dans le bras placebo, et la durée moyenne de prise du traitement était respectivement de 11.5 et 11.9 mois.
Un bénéfice en survie sans maladie invasive.
A 2 ans, le taux de survie sans maladie invasive dans le groupe < 1an, est de 95.3% dans le bras nératinib vs 90.8% dans le bras placebo (HR = 0.49, 95% IC = 0.30–0.78; P = 0.002), et dans le groupe > 1an, respectivement de 97.4% vs 94.4% (HR = 0.43, 95% CI = 0.09–1.47; P = 0.194).
Cette tendance est confirmée par les résultats à 5 ans, avec un taux de survie sans maladie invasive dans le groupe <1 an de 90.8% dans le bras nératinib vs 85.7% dans le bras placebo (HR = 0.58, 95% CI = 0.41–0.82; P = 0.002), soit un bénéfice de 5.1%, et dans le groupe >1an, respectivement de 93% vs 91.7% (HR = 0.74, 95% CI = 0.29–1.84; P =0.523). Ce bénéfice est retrouvée également dans le sous-groupe des patientes ayant bénéficié d’une prise en charge néoadjuvante, sans réponse complète histologique, avec un bénéfice en survie sans maladie invasive de 7.4% dans le bras nératinib.
Moins de métastases cérébrales.
A 5ans, 0.7 % des patientes du bras nératinib ont présenté une évolution cérébrales vs 2.1% dans le bras placebo. Concernant la survie globale, après une médiane de suivi de 8 ans, dans le groupe <1an, 7.9% des patientes du bras nératinib sont décédées vs 10.2% des patientes du bras placebo soit un taux de survie globale à 8 ans de 91.5% vs 89.4% respectivement (HR = 0.79, 95% CI = 0.55–1.13; p= 0.203).
Ce bénéfice est retrouvé également dans le sous-groupe des patientes ayant bénéficié d’une prise en charge néoadjuvante, sans réponse complète histologique, avec un bénéfice en survie globale à 8 ans de 9.1% dans le bras nératinib.
Un nouveau standard en post trastuzumab adjuvant ?
La tolérance est identique à celle retrouvée dans les publications précédentes à savoir des diarrhées, notamment de grade 3 chez 39% des patientes du bras nératinib vs 1% des patientes du bras placebo.
Cette actualisation confirme les résultats des publications précédentes tout en appuyant sur l’intérêt d’une introduction précoce et d’efficacité sur le long terme.








