Pneumologie

Asthme et grossesse : un risque à court et long terme pour la mère et l’enfant

L’effet des exacerbations de l'asthme chez la femme enceinte augmente les risques de complications pendant la grossesse, de malformations congénitales et de pathologies respiratoires à long terme chez l’enfant. D’après un entretien avec Anne Prud’homme.

  • 02 Jan 2020
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    Une étude canadienne, dont les résultats ont été publiés en novembre 2019, dans l’European Respiratory Journal,  a cherché à montrer l’effet des exacerbations de l’asthme chez la femme enceinte et ses conséquences sur la santé de la mère et le pronostic fœtal. Cette étude réalisée en Ontario a inclus une énorme cohorte de 103 000 femmes dont les grossesses ont été suivies entre 2003 et 2012. Une surveillance pendant 5 ans après la naissance du bébé a également eu lieu. Au total, 4450 femmes étaient enceintes et asthmatiques, et 2700 d’entre elles ont fait au moins une exacerbation pendant leur grossesse. Les critères d’exacerbations ont été précisément redéfinis : avoir eu au moins 5 fois recours au médecin traitant ou avoir eu une hospitalisation, ou encore une visite aux urgences.

    Une augmentation significative des risques pour la mère et l’enfant

    Le docteur Anne Prud’homme, pneumologue au CHR de Tarbes, insiste sur la solidité de cette étude en raison du grand nombre de sujets inclus et de la précision des critères utilisés. Elle souligne l’importance de la majoration des risques péri gravidiques avec une augmentation du risque de 30% pour la pré-éclampsie, de 17%pour l’hypertension artérielle gravidique, de 14% pour l’accouchement prématuré et de 21% pour les malformations fœtales. De même, entre l’âge de 12 mois et 5 ans, l’enfant présente un sur-risque d’asthme évalué à 23%, de pneumonie à 12%, ainsi que de bronchiolite. Anne Prud’homme précise également que plus l’asthme est sévère plus les risques augmentent.

    Les asthmatiques enceintes doivent être surveillées de près

    Anne Prud’homme insiste sur l’importance des conséquences des exacerbations de l’asthme sur le pronostic de la mère et de l’enfant et donc sur la nécessité d’une surveillance optimale de ces grossesses à risque.  Elle explique que, lorsqu’elles sont enceintes, les femmes asthmatiques ont tendance à diminuer voire arrêter leur traitement, en pensant bien faire, après avoir visualisé les pictogrammes, présents sur les boîtes de médicaments, notifiant le danger pour les femmes enceintes. Elle rappelle que le site du CRAT (le crat.org) permet de sécuriser les prescriptions mais que la difficulté est de convaincre les patientes de poursuivre leur traitement.

    En conclusion, le point majeur à retenir de cette étude est qu’il est indispensable d’appliquer un rythme de surveillance très étroit, des femmes enceintes asthmatiques, en raison de l’aggravation des risques en cas d’exacerbation, à la fois pour la mère et pour l’enfant, à court et à long terme.

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    JDF