Hématologie
Ibrutinib : une majoration du risque de toxicités cardiovasculaires
L’ibrutinib prolonge la survie des malades atteints de leucémie lymphoïde chronique mais son utilisation en première ligne est responsable d’une majoration des décès précoces de cause cardiovasculaire.
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L'ibrutinib est un traitement ciblé contre plusieurs hémopathies B qui augmente les taux de survie à long terme et qui s'est révélé supérieur aux autres traitements. Mais, selon une étude publiée le 27 décembre 2018 dans le New England Journal of Medicine, l'ibrutinib majore le taux de mortalité qui est de 7%, comparativement à 1% pour la chimiothérapie pendant le traitement ou dans les 30 jours suivant celui-ci.
Une équipe de chercheurs a utilisé VigiBase, une base de données mondiale sur les complications médicamenteuses gérée par l'Organisation mondiale de la Santé, pour analyser les causes de ces décès associés. Les résultats sont publiés dans le Journal of The American College of Cardiology.
Une base de données mondiale
L'étude réalisée au moyen de VigiBase identifie plusieurs effets indésirables toxiques cardiovasculaires associés à l'ibrutinib, notamment des arythmies supraventriculaires, des hémorragies du système nerveux central, une insuffisance cardiaque, des arythmies ventriculaires, des troubles de conduction, des accidents ischémiques cérébraux et des lésions organiques liées à l'hypertension.
Deux des effets indésirables cardiovasculaires identifiés dans l'analyse VigiBase, l'insuffisance cardiaque et un trouble de conduction, sont des effets secondaires inconnus jusqu’alors.
De nouvelles toxicités
Cette étude est intéressante puisqu'elle a permis de détecter de nouvelles toxicités cardiovasculaires potentiellement mortelles et associées à l'ibrutinib, comme l'insuffisance cardiaque, les troubles de conduction et les hémorragies du système nerveux central.
Certains des effets indésirables cardiovasculaires associés à l'ibrutinib sont difficiles à traiter car, par exemple, les patients atteints de fibrillation auriculaire sont traités par des anticoagulants, alors que l'ibrutinib fluidifie également le sang, avec un risque de majoration du risque de saignement.
Un délai d’apparition court
Le délai médian entre le début du traitement par l'ibrutinib et l'apparition de l'arythmie supraventriculaire est de deux à trois mois. Le délai médian est de quatre à cinq mois pour l'hypertension. L'insuffisance cardiaque, les saignements cérébraux et les arythmies ventriculaires se manifestent en deux ou trois mois. Cependant, l'apparition du trouble de conduction se produit plus rapidement, principalement au cours du premier mois de traitement.
L'équipe de recherche étudie actuellement quelle protéine kinase impliquée dans le mécanisme du médicament serait la cause de ces fibrillations auriculaires, ce qui serait la meilleure façon d'inverser ce problème. En attendant, une coopération entre hématologues et cardiologues paraît indispensable.








