Dépistage en pharmacie
Autotests Sida, allergies, cancer, maladie de Lyme... : quelle fiabilité ?
L’Académie nationale de Pharmacie a évalué les autotests de dépistage vendus sans prescription médicale en pharmacie à la demande du ministère de la Santé. Voici leurs résultats.
- Par Anaïs Col
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- AlexNazaruk/Epictura
Un rapport rédigé par l’Académie nationale de Pharmacie à la demande du ministère de la Santé, évalue la fiabilité des différents tests de dépistage vendus sans prescription médicale en pharmacie. Le bilan est mitigé : si trois sont jugés utiles et efficaces, cinq en revanche seraient inutiles et cinq autres seraient "à valider".
Autotests : quelle utilité ?
Vendu en pharmacie depuis 2015, l’autotest du VIH est précieux et présente un réel intérêt de santé publique, selon l’Académie nationale de Pharmacie. Dans le monde, 36,7 millions de personnes vivaient avec le sida entre 2015 et 2016. En France, 153 000 personnes sont porteuses du virus, parmi lesquelles 6003 personnes qui ont découvert leur séropositivité en 2016 (27% d’entre elles étaient à un stade avancé). On estime qu’environ 25 000 Français ignorent leur séropositivité.
Pour rappel, l’autotest du VIH doit être réalisé trois mois après le rapport sexuel à risque. Il est également plus sûr de confirmer les résultats du test par une prise de sang. "J'en ai longtemps rêvé, de ce test. À un moment où il y a de grands doutes sur la vaccination, on a là un moyen de dire objectivement si un patient est protégé ou non contre la maladie", estime Martial Fraysse, membre de l'Académie et président du Conseil de l'ordre des pharmaciens en Île-de-France.
Les autotests urinaires vendus librement en pharmacie ont également été jugés utiles. Sans prétendre remplacer un diagnostic médical, ils permettent de dépister une éventuelle infection urinaire.
L’autotest de dépistage du virus antitétanique, permettant d'évaluer l'efficacité de votre vaccin contre le tétanos, est également utile. Si Santé Publique France ne recense que 30 décès entre 2005 et 2016, le tétanos tue encore 584 personnes par jour dans le monde, soit 213 000 décès par an. Les 3/4 sont des cas de tétanos néonatal. Des chiffres qui viennent attester de la fiabilité du vaccin et de l’intérêt de se faire dépister.
Quels autotests proscrire ?
Les autotests commercialisés pour dépister des allergies ne sont pas fiables, selon l’Académie. Ils sont censés tester notre niveau d’immunoglobulines (IgE). Mais ces données ne servent à rien dans le diagnostic des allergies : leur niveau élevé ne signifie pas qu’il y a allergie. A l’inverse, un niveau trop bas ne signifie pas non plus qu’il n’y a pas d’allergie. La mesure des immunoglobulines E (IgE) "ne présente pas d'intérêt médical avéré dans le cadre d'un dépistage d'une allergie".
L’autotest de la maladie de Lyme présente selon l’Académie, un "risque majeur d'interprétation inadéquate", avec trop de "faux positifs" et de "faux négatifs". "La maladie de Lyme comporte des symptômes cliniques polymorphes et la confrontation des données cliniques et biologiques peut ne pas s’avérer cohérente, avec un risque élevé de résultats faussement négatifs ou faussement positifs. (…) En présence d’un patient alléguant des symptômes compatibles avec une maladie de Lyme, le rôle du pharmacien doit être de le sensibiliser à l’importance d’un diagnostic clinicobiologique précoce et de l’orienter vers un médecin. Le biologiste médical contribuera au diagnostic de la maladie de Lyme par le choix des tests biologiques appropriés et leur interprétation contextualisée".
Les autotests contre les cancers de la prostate et colorectal sont également à proscrire. Pour le premier, les risques de résultats faussement positifs ou faussement négatifs sont jugés trop importants. L’Académie recommande une consultation médicale. Les performances de l’autotest du cancer colorectal sont pour leur part, inconnues. Car non publiées par le fabriquant. Et plutôt que d’utiliser l’autotest anti-Heliobacter pylori, privilégiez la gastroscopie avec biopsie. Vos résultats seront plus fiables.
Avis mitigé de l'Académie
Enfin, les autotests dont la fiabilité reste "à valider", sont ceux de la fécondité, de la ménopause, de l’hypothyroïdie, de l'hypoferritinémie et du cholesterol. Privilégiez un avis médical.








