Pneumologie
Cancer bronchique et fibrose : comment traiter ?
Les cancers bronchopulmonaires associés à une pneumopathie interstitielle ne sont pas si rares et leur traitement ne font pas l’objet d’un grand nombre de données. Le gain en survie serait supérieur aux risques de l'immunothérapie. Des études prospectives à réaliser. D’après un entretien avec Boris DUCHEMANN.
Une étude, dont les résultats sont parus en octobre 2025 dans Thorax, a cherché à démontrer l’efficacité et la tolérance de l’immunothérapie dans la prise en charge thérapeutique des patients atteints, à la fois, de cancer broncho-pulmonaire et de pathologie interstitielle fibrosante. Il s’agit d’une étude rétrospective japonaise, de grande ampleur, pour laquelle les auteurs ont utilisé des données provenant d’un registre la quasi-totalité du Japon. Au total, 1748 patients ont été atteints de cette double pathologie et traité par immunothérapie dont 753 en première ligne. Ils ont été appareillés et comparée en utilisant un score de propension à un groupe de 753 patients avec fibrose et cancer mais traité uniquement par chimiothérapie. . Ils ont ensuite analyser la survie globale de ces patients.
Une comorbidité plus fréquente qu’on ne l’imagine
Le docteur Boris DUCHEMANN, pneumologue dans le service d’oncologie médiale de l’Hôpital Avicenne, à Bobigny, explique que cette étude est importante car le fait l’association cancer bronchique et fibrose pulmonaire n’est pas rare. En effet 5 à 10% des patients atteints de cancer bronchique ont des anomalies interstitielles au scanner thoracique et de l’ordre de 10% des patients porteur d’une fibrose pulmonaire vont présenter un cancer bronchique durant leur suivit. Il s’’agit donc d’une comorbidité fréquente, souvent exclue des essais thérapeutiques en raison du surrisque de toxicité pulmonaire. Boris DUCHEMANN rappelle que les pathologies interstitielles sont des pathologies très hétérogène tant dans le diagnostic que dans le pronostic et que nous ne disposons que de très peu de données pour évaluer a l’échelle individuel le risque lié aux nouveaux traitements comme les immunothérapies.
Pendant longtemps la tendance de beaucoup de cliniciens a été de ne pas traiter les patients mais la question doit être rediscuté avec l’émergence de traitement anti-fibrosant et anti-tumoraux qui permettent d’espérer un contrôle de chacune des maladies. C’est pourquoi ce travail japonais est intéressant car il vient montrer qu’il existe un sous-groupe de patients que l’on peut traiter par immunothérapie. Ce travail montre que la survie globale des patients traités par immunothérapie était de 20 mois contre 10 mois pour les patients ayant été traités par chimiothérapie et ce malgré une toxicité pulmonaire plus importante de l’immunothérapie. Il existe donc un groupe de patients qui tire bénéfice du traitement par immunothérapie.
Quelques limites et des résultats peu transposables en France
Boris DUCHEMANN évoque cependant plusieurs limites à ce travail. En effet, il s’agit de données issues de registres avec plusieurs données importantes qui sont manquantes comme les facteurs pronostiques comme l’état général ou des critères prédictifs de réponse tel que le statut PDL1. Pareillement sont manquantes les caractéristiques de la pneumopathie interstitielles (radiologiques, sévérité, étiologie précise). Il parait très probable que les patients traités par immunothérapie ont été très sélectionnés. Boris DUCHEMANN relève qu’au sein de cette cohorte, il y a peu de patients ayant un diagnostic de Fibrose Pulmonaire Idiopathique alors qu’il s’agit d’une forme fréquente et particulièrement associée au risque de cancer. De plus, il explique que ces résultats ne peuvent pas être extrapolés en Europe car la population japonaise présente des pathologies interstitielles de manière plus fréquente que les populations caucasiennes, et probablement de risque de toxicité pulmonaire des immunothérapies, ce qui limite l’applicabilité de es résultats aux pays européens.
En conclusion, pour traiter les patients atteints de cancer bronchique et de fibrose pulmonaire, il est nécessaire de connaitre le rapport bénéfice / risque du traitement en réalisant des études dédiée et prospectives. Un essai thérapeutique français, promu par l’IFCT et avec le soutien de RespiFil est en cours d’ouverture, avec une première ligne de traitement par chimiothérapie puis une seconde partie comparant une mono-chimiothérapie comparée à une immunothérapie, chez des patients atteints de pathologies interstitielles non liées à des maladies auto-immunes. Ces résultats seront les premiers issus de centres Européen et devraient permettre d’affiner le traitement des patients atteint de ces deux pathologies.








