Pédiatrie

HTA : une nouvelle épidémie chez l’enfant

Les enfants seraient-ils des adultes presque comme les autres ? Selon une métanalyse (The Lancet Child & Adolescent Health qui a colligé les résultats de 96 études populationnelles, publiées entre 2000 et 2025, et menées chez des enfants et adolescents âgés de moins de 19 ans, l’incidence de l’HTA pédiatrique aurait presque doublé en vingt ans.

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  • 28 Novembre 2025
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    Entre 2000 et 2020, la prévalence de l’HTA chez les garçons a augmenté de 3,40% à 6,53%. Chez les filles la progression est moins rapide avec un taux de 3,02% qui croit à 5, 82%.  Au total, elle s’établit à 4,28% lorsque la pression artérielle (PA) est mesurée dans des lieux de soins. Le taux grimpe à 6, 67% en cas de prise de PA à la fois par des professionnels de santé et hors cabinet. Comment expliquer ce phénomène ? A la différence de l’adulte, la pression se révèle normale au cabinet mais élevée au domicile. On parle alors de d’HTA masquée. Faut-il parler de problème de santé publique ?

    En tout état de cause, le diagnostic demeure largement sous-estimé. Il se heurte à des problèmes pratiques, par exemple comment mesurer correctement ? Le brassard doit être adapté avec une largeur égale à 40 % de la circonférence du bras. L’enfant est assis pendant trois à cinq minutes bras à hauteur du cœur, sans stimulation. La mesure sera reproduite plus de trois fois. On conservera la moyenne des deux dernières. La PA est évaluée comme normale lorsqu’elle est inférieure au 90° percentile, soit une PA systolique inférieure à 90 mmHg. Elle est élevée lorsqu’elle est comprise entre 90e et 95e percentile. On parle enfin de HTA stade 1 en cas de 95° percentile à +12 mmHg et de HTA stade 2 pour des mesures supérieures au 95e percentile + 12 mmHg.

    L’incidence de l’HTA pédiatrique a doublé

    Lorsque le diagnostic est confirmé, un bilan étiologique et la recherche de complications seront prescrits notamment chez les enfants âgés de moins de six ans, lors d’une HTA stade 2, symptomatique ou en présence de signes évocateurs. Sans surprise, l’obésité qui multiplie le risque par six est souvent retrouvée. L’hypokaliémie incitera à rechercher un hyperaldostéronisme, l’auscultation de souffles abdominaux une sténose rénale.  Le bilan comprend au minimum une NFS, un ionogramme sanguin, un ECBU, une protéinurie, le calcul du eGFR, un bilan lipidique, une HBA1C, une échographie rénale. Il sera complété selon les cas par un dosage rénine/aldostérone, une cortisolémie, la mesure de la TSH, une imagerie vasculaire rénale, voire une polysomnographie. Enfin la recherche de retentissement conduit à la prescription d’un électrocardiogramme, d’une échographie cardiaque et d’un fond d’œil si l’HTA est classée sévère. 

    Privilégier les IEC

    Quant à la prise en charge, elle inclut pour tous des mesures hygiéno-diététiques comme la perte de poids, si l’indice de masse corporel est élevé, une alimentation pauvre en sel, riche en fibre et produits frais.  Le jeune patient sera incité à une pratique de 40 à 60 minutes par jour d’activité physique, à l’arrêt du tabac chez les adolescents et à un sommeil régulier. Si l’impact des ces mesures s’avère insuffisant pour les HTA stade 1 ou en cas d’HTA stade 2 confirmée, d’HTA avec atteinte d’organe (HVG, protéinurie, rénale) ou d’HTA secondaire, un traitement sera prescrit. On privilégiera en première intention les IEC, les ARA 2 en cas de mauvaise tolérance des IEC, les inhibiteurs calciques, les thiazidiques en seconde intention ou en association.

    L’objectif du traitement est de réduite les chiffres mesurés en-deçà du 90e percentile. Pour les patients âgés de plus de 13 ans, on vise des seuils comparables à ceux de l’adulte jeune, à savoir des chiffres en dessous de 130/80 mmHg. 

    Au regard de ces résultats, seront dépistés tous les enfants dès 3 ans, à chaque visite médicale de routine. Avant 3 ans, le dépistage sera réalisé devant la présence de facteurs de risque comme la prématurité, le diagnostic de cardiopathies, de maladies rénales, la prise de corticoïdes, une histoire familiale d’HTA sévère. Bref l’HTA n’est plus seulement un syndrome pour les grands, les parents.

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