Neurologie

Sclérose en plaques : extension de l’intervalle de doses des anti-CD20 sur les taux d’IgG

L’espacement de l’intervalle de dose (EID) d’un anti-CD20 est associé à un moindre risque de baisse des taux d’IgG sans augmenter le risque de reprise de l’activité de la maladie. Il pourrait également diminuer le risque infectieux.

  • Alena Butusava/istock
  • 21 Novembre 2025
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    Les anti-CD20 sont parmi les traitements les plus efficaces dans la SEP RR mais sont également associés à un surrisque d’infections2. Ceci pourrait être en partie lié à la baisse des IgG qui accompagne le traitement3. Certaines équipes proposent un espacement de l’intervalle de dose (EID) sans perte du contrôle inflammatoire de la maladie. Néanmoins, aucune étude ne s’est intéressée à l’impact de l’EID sur les taux d’IgG.

    Les auteurs1 ont comparé les données de 2 cohortes acquises prospectivement à Lille (Ocrelizumab, OCR, administré en intervalle de dose standard, SID, n=88) et Marseille (OCR ou Rituximab, RTX, administré en EID, n=271).

    Deux cohortes françaises

    Les patients marseillais lillois/marseillais étaient âgés de 37,7ans (9,8) / 40,2(12,1) en moyenne, la durée d’évolution moyenne était de 8,2 (7,2) / 11,2(8,1) ans et la durée de suivi moyenne après l’instauration de l’anti-CD20 de 3,5 (1,3) et 4,4 (1,5) ans respectivement.  Durant cette période, les patients avaient reçu 7,6 (2,3) / 4,8 (2,6) cycles de traitement en moyenne avec un intervalle de 6,4 (1,7) / 19,2 (11,9) mois. Il n’y avait pas de différence en termes de délai de survenue de la 1ère poussée (p= 0,83), d’activité IRM (p=0,91) ou de progression du handicap (p=0,98).

    Les patients lillois avaient un taux d’IgG à baseline plus élevé que les marseillais (10,4 vs 2,8 g/L) et une baisse plus importante durant le suivi. Ainsi, l’effet de la durée du traitement sur le taux d’IgG était plus faible chez les patients en EID : estimation : 0,15 g/L par année de suivi, IC95 :0,06-0,23, p=0,001. L’analyse des 2896 intervalles de doses a montré qu’un délai plus long entre la dernière perfusion OCR/RTX était associé à une moindre baisse des taux d’IgG (estimation : 0,01 ; IC95 : 0,00–0,02 ; p=0.003). Les taux les plus élevé d’IgG étaient associé à un risque plus faible de présenter une infection sévère (HR=0,77 par g/L d’IgG sérique ; IC95 : 0,66–0,91 ; p=0,006).

    L’espacement n’entraine pas une reprise d’activité de la maladie

    Ces données démontrent que l’EID n’entraine pas une reprise d’activité de la maladie et suggèrent que l’espacement de dose d’OCR/RTX est associé à un moindre risque de baisse des taux d’IgG. Il pourrait également diminuer le risque infectieux. Néanmoins, le caractère rétrospectif sur 2 centres de saisie des données, notamment des infections, expose à un biais certain. De plus, même si la durée depuis la dernière perfusion était corrélée significativement avec une moindre baisse des taux d’IgG, l’estimation était très faible (0,01) et on peut raisonnablement se demander si elle perdurerait avec une durée d’exposition plus longue.

    Finalement, cette étude nous rassure sur l’EID possible pour les anti-CD20 en IV et apporte des éléments en faveur de son impact sur la baisse des taux d’IgG qui devra être confirmé par de plus larges cohortes.

     

    References :

    Rigollet C, Freeman SA, Perriguey M, Stellmann JP, Graille-Avy L, Lafontaine JC, Lemarchant B, Alberto T, Demortière S, Boutiere C, Rico A, Hilézian F, Durozard P, Pelletier J, Maarouf A, Zéphir H, Audoin B. Extended-interval dosing of rituximab/ocrelizumab is associated with a reduced decrease in IgG levels in multiple sclerosis. Neurotherapeutics. 2025 Apr;22(3):e00554. doi: 10.1016/j.neurot.2025.e00554. Epub 2025 Feb 20. PMID: 39979176; PMCID: PMC12047468.

    Virtanen S, Piehl F, Frisell T. Impact of previous treatment history and B-cell depletion treatment duration on infection risk in relapsing-remitting multiple sclerosis: a nationwide cohort study. J Neurol Neurosurg Psychiatry 14 mai 2024. jnnp-2023-333206.

    Langer-Gould A, Li BH, Smith JB, Xu S. Multiple sclerosis, rituximab, hypogammaglobulinemia, and risk of infections. Neurol Neuroimmunol Neuroin amm 2024;11(3):e200211. https://doi.org/10.1212/NXI.0000000000200211.

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