Pneumologie

Des pistes pour optimiser la participation au dépistage du cancer du poumon

Le dépistage du cancer du poumon a fait la preuve de son efficacité en terme d’amélioration de la survie mais son taux de participation reste encore trop faible. De multiples facteurs en sont responsables mais la peur ne fait pas partie des freins les plus fréquents. D’après un entretien avec Olivier LELEU.

  • 13 Novembre 2025
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    Une étude, dont les résultats sont parus en septembre 2025, dans Respiratory Medicine and Research, a cherché à déterminer quels étaient les motivations et les facteurs limitants au dépistage du cancer du poumon. Cette étude fait suite à celle publiée en 2024 (DEP KP80) au cours de laquelle les résultats sur trois tours de dépistage par scanner faiblement irradiant ont été évalués. En terme de dépistage de tumeurs localisées et de traitement chirurgical associé, les résultats ont été excellents mais la participation est restée faible : 75% des patients ont bénéficié du scanner base-line, 40% ont participé au deuxième tour et 32% au troisième tour. Les auteurs de ce travail se sont donc questionnés sur les raisons de ce manque de participation et ont envoyé un questionnaire aux 1369 participants de DEP KP80, les incitant à évoquer les raisons de leurs motivations et/ou de leurs freins à réaliser le dépistage du cancer du poumon. Au total,  416 questionnaires ont été retournés, ce qui correspond à un taux de réponse de 30%

     

    Plusieurs facteurs de motivation existent

    Le docteur Olivier LELEU, pneumologue, chef de pôle de Médecine et Cancérologie au Centre Hospitalier d’Abbeville, un des auteurs de ce travail, explique que la participation est la pierre angulaire  du dépistage et que ces résultats correspondent à ce que l’on retrouve en vraie vie, puisqu’à titre d’exemple, le dépistage du cancer du poumon est recommandé aux USA depuis 2013 mais le taux de participation de la population éligible y est inférieur à 20%. Les résultats de cette étude ont montré que la principale motivation est de se rassurer sur son état de santé dans un contexte de tabagisme, ensuite viennent les recommandations par un professionnel de santé (surtout au deuxième et troisième tours), puis la vérification de l’évolutivité d’une lésion qui aurait été découverte au scanner base-line, et enfin la gratuité de l’examen.

     

    Quid des freins au dépistage ?

    Olivier LELEU souligne que le premier frein au dépistage était pressenti : il s’agit de l’absence d’invitation et de de réinvitation, ce qui constitue un problème purement logistique et dont la conséquence pratique sur le dépistage à venir est de mener une politique de rappel agressive. Concernant le scanner base-line, il est apparu que 20% des patients ont oublié de s’y rendre ou ont présenté un problème d’emploi du temps. La difficulté d’accès représente également un frein important au dépistage, d’où l’importance de la dynamique « d’aller vers ». Il rappelle le caractère de marqueur social du cancer du poumon. Enfin, certains sujets ne ressentent pas le besoin de réaliser ce dépistage ou ont eu peur du COVID, compte-tenu du fait de la période au cours de laquelle a été réalisée l’étude. Olivier LELEU précise donc l’intérêt du scanner embarqué, tel qu’il est déjà utilisé dans la région lyonnaise. Il explique que, dans les Hauts de France, le scanner embarqué n’existe pas encore mais qu’il est prévu qu’un camion  se déplace vers les populations afin de définir les critères d’éligibilité, de réaliser une consultation de tabacologie, une spirométrie et enfin de programmer un rendez-vous de scanner.

     

    En conclusion, ce travail insiste sur le rôle crucial des professionnels  de santé dans la promotion  et l’explication de l’importance du dépistage du cancer du poumon en terme d’efficacité sur la survie. Il a permis d’identifier les obstacles et d’envisager les pistes d’interventions ciblées, logistiques et dynamiques, pour optimiser ce dépistage.

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