Onco-Sein
Cancer du sein RH+ HER2- : résultats de l'essai NATALEE sur l'association d'un iCDK4/6 à l'hormonothérapie
L’association ribociclib-hormonothérapie améliore la survie sans maladie invasive, des patients atteints d’un cancer du sein RH+ HER2- de stade II et III.
- ChooChin/iStock
Le cancer du sein RH+ HER2- est le sous type le plus fréquent (70 à 75 % des cancers du sein) et est le plus souvent diagnostiqué à un état stable précoce. Malgré une prise en charge par chirurgie, possiblement associée à une radiothérapie et chimiothérapie, puis par hormonothérapie, le taux de récidive reste élevé de l’ordre de 27 à 37 % pour les stades II et 46 à 57 % pour les stades III.
Les inhibiteurs de CDK4/6 associés à l’hormonothérapie ont prouvé leur efficacité en situation métastatique et font désormais partis des standards thérapeutiques. En situation localisée, seul l’abémaciclib a actuellement démontré un bénéfice en survie sans maladie chez des patients avec envahissement ganglionnaire, à haut risque de récidive. Qu’en est-il du ribociclib ?
NATALEE un essai randomisé de phase III
Dans cette étude, 5 101 patientes présentant un cancer du sein RH+ HER2- de stade IIa (N0 avec 1 critère parmi : SBR2 + ki67 > 20 % ou SBR3 ou test génomique à haut risque ou N1) ou IIb ou III (indépendamment de l’atteinte ganglionnaire) ont été inclus dans cet essai. Tous les patients ont reçu 5 ans d’hormonothérapie par AI (+ analogue LHRH si non ménopausés), 2 552 patientes ont été randomisées dans le bras hormonothérapie seule et 2 549 dans le bras hormonothérapie + ribociclib à la dose de 400 mg/j 3 semaines/4 pendant 3 ans.
L’âge médian des patientes étaient de 52 ans avec 43,9 % de patientes en préménopauses. Au sein de la cohorte, 59,6 % des patients présentaient un cancer de stade III, 41,1 % un envahissement ganglionnaire N1, 18,6 % N2 ou N3 et 88,1 % avaient reçu une chimiothérapie néoadjuvante ou adjuvante.
Analyse intermédiaire : bénéfice en survie sans maladie invasive à 3 ans
Après une durée médiane de suivi de 28 mois, l’ajout du ribociclib diminue de 25,2 % le risque de maladie invasive, de récidive ou de décès, avec un taux de survie sans maladie invasive à 3 ans de 90,4 % pour le bras ribociclib-hormonothérapie versus 87,1 % en cas d’hormonothérapie seule, HR 0,25 (IC95 % 0,62-0,91). Les récidives à distance sont les événements les plus fréquents, également diminuées par l’ajout du ribociclib (4,7 % versus 6,7 % respectivement), avec à 3 ans un taux de survie sans récidive à distance de 90,8 % et 88,6 % respectivement. Il semble exister une tendance à l’amélioration de la survie globale avec des données néanmoins encore immatures.
Les effets secondaires sont ceux connus de l’hormonothérapie et du ribociclib avec neutropénie (62,1 % pour le bras ribociclib et 4,5 % pour le bras hormonothérapie), douleurs articulaires (36,5 % et 42,5 % respectivement) et toxicité hépatique (25,4 % et 10,6 %), avec des effets secondaires de grade ≥ 3 et des SAE plus fréquents dans le bras ribociclib : 43,8 % versus 0,8 % et 13,3 % versus 9,9 % respectivement.
Des résultats encourageants, à confirmer
Les résultats de cette analyse intermédiaire montrent que l’association Ribociclib-hormonothérapie améliore le pronostic des patients avec cancer du sein de stade II et III, RH+ HER2- en diminuant de façon significative le risque de maladie invasive, de récidive ou de décès.
Ces résultats précoces sont encourageants, avec un bénéfice qui semble toucher une population plus large et de moins haut risque que l’Abémaciclib dans l’essai MonarchE, mais ils justifient d’un suivi au plus long court pour évaluer le réel impact clinique du ribociclib en regard des effets secondaires et du cout d’une telle association.








