Hématologie

Myélome multiple en rechute ou réfractaire : les anticorps bispécifiques augmentent le risque infectieux

Les anticorps bispécifiques (BsAb), une nouvelle classe récemment développée dans la prise en charge du myélome multiple en rechute ou réfractaire (MMRR), exposent les malades à une augmentation du risque de complications infectieuses. L’utilisation de corticostéroïdes est un facteur de risque de survenue de ces infections.

  • Dr_Microbe/istock
  • 05 Avr 2024
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    Les anticorps bispécifiques (BsAb) sont une nouvelle classe de médicaments récemment développés pour la prise en charge du myélome multiple en rechute ou réfractaire (MMRR). Les effets secondaires principaux sont la toxicité hématologique, le syndrome de relargage cytokinique, survenant en général lors de la 1ère semaine du traitement ; et les complications infectieuses, survenant tout au long du traitement.

    Cette étude de vie réelle rapporte l'épidémiologie, les caractéristiques, les facteurs de risque et l’évolution de ces infections chez les patients traités par BsAb.

    Les infections sont précoces, et parfois sévères

    Dans cette étude, 229 patients atteints de MMRR ont été inclus, dans 14 centres français, entre décembre 2020 et février 2023. Les patients pouvaient recevoir différents BsAb : 153 (67 %) ont reçu du teclistamab, 47 (20 %) de l'elranatamab et 29 (13 %) du talquetamab.

    Dans l’ensemble de la cohorte, 142 (62 %) patients ont présenté au moins une infection, avec un délai médian de 49 jours à partir de l'initiation du BsAb (IQR : 17-112) et un nombre médian d'infections par patient de 1 (intervalle 1-7). Un total de 234 infections était rapporté, dont 123 (53 %) de grade 3.

    Les infections respiratoires sont fréquentes, bactériennes ou virales

    Les infections prédominantes touchaient les voies respiratoires (n = 116, 50 %), suivies des bactériémies (n = 36, 15 %). La plupart des infections n’étaient pas documentées ; lorsqu’elles l’étaient, elles étaient principalement d’origine bactérienne ou virale, exceptionnellement fongiques ou parasitaires.

    Le taux d'hospitalisation était de 56 % (n=131) et 20 (9 %) infections ont entraîné le décès. L'incidence cumulée globale de la première infection était de 70 % chez tous les patients, de 73 % chez les patients traités par BsAb anti-BCMA (elranatamab et teclistamab) et de 51 % chez les patients traités par BsAb ciblant le GPRC5D (talquetamab).

    La prise de corticoïdes est un facteur de risque

    En analyse univariée, l’utilisation de corticostéroïdes (pour le traitement du syndrome de relargage cytokinique ou de la neurotoxicité spécifique) était associée à un risque plus élevé de première infection (HR=2,13 ; IC95%, 1,38-3,28), tandis que les BsAb anti-GPRC5D et la prise d’une prophylaxie antibactérienne étaient associés à un risque plus faible (HR=0,53 ; IC95%, 0,3-0,94 et HR=0,65 ; IC95 %, 0.46-0.9).

    En analyse multivariée, seule l’utilisation de corticostéroïdes était corrélée à un risque plus élevé de première infection (HR=2,01 ; IC à 95 %, 1,27-3,19).

    Conclusion

    La mise en œuvre de mesures préventives visant à atténuer le risque d'infection par le BsAb est cruciale, notamment chez les patients ayant reçu des corticoïdes. Ces mesures sont l’utilisation de prophylaxies antibactériennes et antivirales, ainsi que la mise en place précoce d’une substitution en immunoglobulines polyvalentes, du fait de l’hypogammaglobulinémie profonde induite par ces traitements.

     

    Jourdes A et al., Characteristics and incidence of infections in patients with multiple myeloma treated by bispecific antibodies: a national retrospective study on the behalf of G2I and Intergroupe Francophone du Myelome, Clinical Microbiology and Infection, https://doi.org/10.1016/j.cmi.2024.02.023

     

     

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    JDF