Neurologie

Sclérose en plaques : la vitamine D ne réduit pas le risque de conversion après un CIS

La supplémentation en vitamine D, quelle que soit la dose et quel que soit le groupe (avec ou sans déficit en vitamine D en particulier) ne réduit pas le risque de conversion d’un CIS (Clinically Isolated Syndrome) en sclérose en plaque (SEP).

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  • 12 Fév 2024
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    La vitamine D intervient à différents niveaux dans le bon fonctionnement du système immunitaire. Dans le cadre de la SEP, il a été démontré qu’une carence en vitamine D était associée à un surrisque de développer la maladie (2). Un essai dans le cadre de névrites optiques inaugurales a démontré une diminution du risque d’apparition de nouvelles lésions chez 30 patients avec une carence sévère en vitamine D (<30 ng/mL) (3).

    C’est dans la lignée de cette étude sur un faible nombre de patient que l’essai PREVANZ (phase IIb) a été réalisé : 204 patients présentant un CIS ont été randomisés 1 :1 :1 :1 pour recevoir un placebo ou de la vitamine D à la dose de 1000, 5000 ou 10000UI/j. Les patients ont été suivis 48 semaines avec une IRM à l’inclusion, la semaine 24 et 48. Le critère principal était la conversion en SEP (survenue d’un 2° événement clinique ou de nouvelles lésions T2). Rappelons que les patients ont été recrutés et suivis entre 2013 et 2021.

    La supplémentation en vitamine D ne réduit pas la conversion

    Parmi les199 ayant complété l’étude : 116 (58%) ont converti en SEP, comparé au placebo, les patients ayant reçu la vitamine D avaient un HR= 0,87 (0,50-1,50) pour le groupe 1000UI ; 1,37 (0,82-2,29) pour la dose de 5000UI et 1,28 (0,76-2,74) pour le groupe 10000UI/j. Lorsque les auteurs ajustaient sur l’âge, le sexe, la latitude, le centre, le type de symptômes initiaux, la présence de lésions sous tentorielles et l’utilisation de bolus, les HR étaient de 0,80 (0,45-1,44), 1,36 (0,78-2,38) et 1,07 (0,62-1,85) pour les groupes 1000, 5000 et 10000UI/j.

    Ainsi, la supplémentation en vitamine D ne réduit pas le risque de conversion en SEP (clinique ou radiologique) chez les patients CIS. Avec l’évolution des critères McDonald, une grande majorité de ces patients auraient aujourd’hui été classés SEP rémittente. Si ces résultats rejoignent les conclusions de métanalyses récentes (4-6), ils vont à l’encontre de l’étude de Lucas et al (2) qui proposait une supplémentation de 50000UI/semaine aux patients sévèrement carencés (<30 ng/mL) ayant présenté une névrite optique.

    L’analyse en sous-groupes (<50nmoL/mL et <30nmoL/mL) des patients de PREVANZ n’a pas retrouvé de différence significative en faveur des groupes supplémentés. Le principal biais est la difficulté à recruter le nombre initialement prévu de patients (n=240) suite à la révision des critères McDonald en 2017.

     

    Références:

    1-Butzkueven H, et al. Vitamin D did not reduce multiple sclerosis disease activity after a clinically isolated syndrome. Brain. 2023 Dec 12:awad409. doi: 10.1093/brain/awad409. Epub ahead of print. PMID: 38085047.

    2- Lucas, R.M., et al., Sun exposure and vitamin D are independent risk factors for CNS demyelination. Neurology, 2011. 76(6): p. 540-8 

    3- Derakhshandi, H., et al., Preventive effect of vitamin D3 supplementation on conversion of optic neuritis to clinically definite multiple sclerosis: a double blind,randomized, placebo-controlled pilot clinical trial. Acta Neurol Belg, 2013. 113(3):7 p. 257-63.

    4- McLaughlin, L., et al., Vitamin D for the treatment of multiple sclerosis: a meta-analysis. J Neurol, 2018. 265(12): p. 2893-2905.

    5- Jagannath, V.A., et al., Vitamin D for the management of multiple sclerosis. Cochrane

    Database Syst Rev, 2018. 9(9): p. CD008422.

    6- Zheng, C., et al., The efficacy of vitamin D in multiple sclerosis: A meta-analysis.

    Mult Scler Relat Disord, 2018. 23: p. 56-61.

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