Oncologie

Cancer du sein localisé : conséquences cognitives après traitement adjuvant

Les malades qui reçoivent un traitement adjuvant par chimiothérapie et hormonothérapie ont des pertes cognitives plus importantes à 3 et 6 mois que celles traitées par hormonothérapie seule pour des cancers du sein localisés. Il existe toujours une perte cognitive à 12 mois mais identique dans les 2 groupes.

  • Chinnapong/istock
  • 24 Juin 2020
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    Les patientes qui sont traitées pour des cancers du sein localisés reçoivent fréquemment des traitements adjuvants par chimiothérapie et hormonothérapie en fonction des caractéristiques de leurs maladies. Ces traitements, poursuivis pendant longtemps (parfois 10 ans pour l’hormonothérapie) ne sont pas dénués d’effets secondaires parfois handicapants pour des patientes potentiellement déjà guéries.

    Dans leur étude publiée dans le Journal of Clinical Oncology, Wagner et al se sont intéressés à l’impact de ces traitements sur les fonctions cognitives des patientes en utilisant une cohorte de l’essai TAILORx (chimiothérapie adjuvante ou non, guidée par une signature génomique). Les patientes traitées par chimiothérapie et hormonothérapie ont une décroissance plus marquée de leurs fonctions cognitives à 3 et 6 mois que celles traitées par hormonothérapie seule. A partir de 12 mois, le déclin cognitif est le même dans les 2 groupes.

    Avec la chimiothérapie : un déficit cognitif précoce …

    Dans ces études, 454 patientes sur 611 étaient analysables (218 ayant reçu chimiothérapie et hormonothérapie et 236 l’hormonothérapie seule). L’état cognitif des patientes était évalué selon le questionnaire validé Functional Assessment of Cancer Therapy-Cognitive Function (FACT-Cog), échelle incluant les 20 items de l’échelle Perceived Cognitive Impairment (PCI). Le critère de jugement principal est une variation cliniquement significative du PCI.

    A 3 et 6 mois, on observe une diminution statistiquement plus importante du PCI des patientes traitées par chimiothérapie par rapport à celle traitées par hormonothérapie (à 3 mois, variation du score PCI à -6,40 vs -2,39, p=0,0005 et à 6 mois, -6,00 vs -3,18, p=0,02). La différence de diminution du PCI à 3 mois entre les 2 groupes est considérée comme cliniquement significative (différence de score de PCI > 3,75 entre les groupes). 

    … mais une différence qui s’estompe avec le temps

    Les différences de scores PCI à 12, 24 et 36 mois entre les 2 groupes ne sont par contre pas significatives (à 12 mois p=0,17, à 24 mois p=0,09 et à 36 mois p=0,25). Cette absence de significativité est due à une stabilisation du PCI chez les patientes traitées par chimiothérapie et hormonothérapie et à une diminution progressive de celui des patientes traitées par hormonothérapie seule.

    A noter que les patientes ménopausées ont un retentissement plus important de la chimiothérapie sur leur fonction cognitive que les patientes préménopausées (différence significative du PCI entre les patientes sous chimiothérapie et hormonothérapie et celles sous hormonothérapie seule jusqu’à 24 mois pour les patientes ménopausées).

    Des données rassurantes pour la chimiothérapie

    Au total, malgré une baisse des capacités cognitives rapide pour les patientes recevant de la chimiothérapie, ces données sont plutôt rassurantes quant à son utilisation en l'absence de majoration de ces troubles dans le temps.

    Il faut cependant aussi retenir de cette étude la décroissance progressive des capacités cognitives sous hormonothérapie pour ces patientes qui reçoivent ce traitement au long cours avec un impact pouvant être significatif sur leur vie quotidienne. Un suivi à plus long cours de ces patientes, en particulier après l’arrêt du traitement, sera intéressant pour la suite.

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