Oncologie
Cancer du sein triple négatif : un nouveau médicament intelligent donne de l'espoir
Le sacituzumab govitecan, un anticoprs monoclonal amélioré, fait nettement progresser le traitement du cancer du sein métastatique triple négatif, extrêmement difficile à soigner aujourd'hui.
- Eraxion/istock
Un nouveau "médicament intelligent", un anticorps monoclonal conjugué à un cytotoxique, s'est révélé prometteur pour les femmes atteintes d'un cancer du sein métastatique triple négatif, selon les données d'un nouvel essai clinique publié dans le New England Journal of Medicine.
"Je pense que ce médicament a le potentiel de changer les pratiques, parce que les données semblent vraiment convaincantes, même si le nombre de patientes participant à l'essai est relativement petit", affirme Kevin Kalinsky, oncologue et directeur de l’essai. "Avec ce nouveau traitement, nous avons constaté une diminution significative de la masse des tumeurs chez des malades souffrant d'un cancer du sein métastatique triple négatif", ajoute-t-il.
Plusieurs types de cancer du sein
On peut distinguer plusieurs types de cancers du sein. Pour les plus fréquents, les cancers du sein hormono-dépendants et les cancers "HER+", il existe aujourd’hui des thérapies ciblées très efficaces. Mais 15% des patientes, souvent jeunes, ont un cancer du sein dit "triple négatif", c’est-à-dire sans aucun marqueur connu à la surface des cellules cancéreuses susceptible de répondre à une thérapie ciblée connue*.
Le cancer triple négatif est "un concept biologique : ce sont des cellules cancéreuses sur lesquelles on ne trouve pas de récepteur aux hormones. Ce qui veut dire qu’elles ne sont pas très dépendantes des hormones fabriquées par la femme donc on ne peut pas les traiter par hormonothérapie (…). On ne trouve pas à la surface des cellules la protéine HER2 qui est la grande cible d’un traitement qui s’appelle le Trastuzumab, très puissant. C’est un peu comme des tumeurs orphelines", nous expliquait récemment Gilles Freyer, cancérologue et chef de service au CHU de Lyon.
33% des malades ont répondu au médicament
Le médicament mis ici à l’épreuve, nommé sacituzumab govitecan, fait partie d'une classe émergente de "médicaments intelligents", conçus pour délivrer une charge toxique directement aux cellules tumorales. Concrètement, il s'agit d'un anticorps monoclonal anti-Trop-2, un antigène présent à la surfaces des cellules mammaires, qui est conjugué au SN-38, le métabolite actif de l'irinotécan. Ce procéder d'injection ciblée permet de délivrer dans le sein des doses beaucoup plus fortes de chimiothérapie qu’avec une perfusion simple.
Le sacituzumab govitecan a été testé chez 108 femmes atteintes d'un cancer du sein métastatique triple négatif qui avaient déjà suivi au moins deux traitements antérieurs. Dans l'ensemble, 33% des malades ont répondu au médicament au bout de 7,7 mois en moyenne. La survie globale médiane de la cohorte a été de 13 mois, soit des résultats bien meilleurs que la normale (lorsqu'une patiente commence son troisième ou quatrième traitement, la probabilité d'une réponse est très faible).
"Vivre avec des tumeurs plus petites"
"Il a fallu plus de temps pour que le cancer progresse", poursuit Kevin Kalinsky. Il ajoute : "vivre avec des tumeurs plus petites peut incroyablement améliorer la qualité de vie d'une patiente", au niveau de la douleur par exemple. Le sacituzumab govitecan est également testé sur le cancer de la vessie et le cancer de la prostate.
*Source : institut Curie.











