Psychiatrie
Schizophrénie : élargir le dépistage pour éviter un retard diagnostique
La plupart des jeunes américains schizophrènes a déjà consommé des soins pendant plusieurs mois ou années avant le diagnostic. Un programme d’intervention précoce, incluant psychothérapie, services de réadaptation psychosociale et pharmacothérapie, permettrait de réduire les symptômes et le handicap des jeunes adultes psychotiques.
- photographee.eu
Chez les adolescents et les jeunes adultes souffrant de troubles psychotiques, l'allongement du délai diagnotique ou de mise en place d’un traitement adapté est associé à un résultat à long terme plus médiocre.
Le premier enseignement de l’essai RAISE-ETP (Schizophrenia Episode-Early Treatment Program) est qu’il existe un retard moyen d’environ 18 mois entre l’apparition des premiers symptômes psychotiques et la mise en route d’un traitement adéquat.
L'essai montre également les opportunités manquées du diagnostic puisqu'environ 30% des adolescents et des jeunes adultes psychotiques a déjà fréquenté un service de psychiatrie en externe au cours de l’année précédant le diagnostic et environ deux tiers ont déjà reçu des soins psychiatriques (y compris des hospitalisations, des urgences et des soins primaires).
Nombreux diagnostics en soins primaires
Le Colorado, la Californie du Nord, du Sud, le Nord-Ouest et Washington sont les 5 systèmes de soins de santé qui participent au Réseau de Recherche sur la santé mentale (financé par le National Institute of Mental Health). L’essai s’étend de janvier 2007 à décembre 2013 et prend en compte les consultations externes et internes dans les systèmes remboursés afin d’identifier tous les premiers diagnostics de trouble psychotique (incluant les troubles du spectre schizophrénique, les troubles de l’humeur avec symptômes psychotiques et autres troubles psychotiques).
L’étude a comparé 624 patients avec un premier diagnostic de trouble psychotique à deux groupes témoins. Parmi ces malades, les premiers diagnostics de troubles psychotiques comprennent la psychose schizophrénique (105 patients soit 17%), un trouble de l’humeur avec psychose (78 patients soit 12%) et d’autres troubles psychotiques (441 patients soit 71%).
L’étude révèle qu’une part importante, mais minoritaire, des diagnostics de trouble psychotique est réalisée en médecine de soins primaires. La détection précoce de ces troubles doit donc prendre en compte une plus grande population de malades répartie dans un plus large éventail de milieux. L’objectif est donc de mieux analyser les modèles d’utilisation des soins avant le diagnostic de trouble psychotique.
Un malade sur 5 a déjà consulté en psychiatrie
Près d’un cinquième des malades se sont rendus au moins une fois dans un service de santé mentale dans les 90 jours avant le diagnostic initial d’un trouble psychotique et près de 40% ont eu recours à un service ambulatoire de santé mentale dans les 3 jours précédant ledit diagnostic.
Environ un sur sept s’est rendu dans un service d’urgence, tout en ayant eu un diagnostic de trouble psychiatrique, au cours des trois mois précédant le premier diagnostic et environ un tiers a eu recours à des soins de santé mentale d’un service d’urgences au cours des trois années précédentes.
Enfin, le recours aux soins de courte durée (hospitalisations et urgences) est trois fois plus fréquent avant le premier diagnostic de troubles psychotiques par rapport au groupe témoin des malades souffrant de troubles dépressifs. De même, un diagnostic préalable de trouble bipolaire est huit fois plus probable.
Le diagnostic plus précoce est possible
De manière générale, cette étude permet de montrer que les malades pourraient avoir ressenti des symptômes de psychose des mois, voire des années, avant la première présentation clinique. Solliciter des services de psychiatrie semble être un indicateur de risque spécifique.
Plus de 90 % des malades ont consulté en externe au cours de l’année précédant leur diagnostic, de sorte qu’un programme de dépistage pertinent en soins primaires pourrait permettre d’identifier tôt la grande majorité des jeunes qui auront un trouble psychotique.
Il en ressort l’intérêt majeur d’une évaluation psychiatrique en soins primaires ou en médecine générale.











