Pédiatrie

Diabète de type 2 de l’adolescent : double gain sur glycémie et poids d’un analogue GIP/GLP1

Chez les 10–17 ans avec DT2 mal contrôlé par metformine et/ou insuline basale, un analogue GIP/GLP1, le tirzépatide abaisse l’HbA1c d’environ 2,3 points vs placebo et induit une perte pondérale cliniquement significative. Les effets sont maintenus à un an, avec un profil de tolérance digestif attendu et sans signal de sécurité nouveau.

  • Tom Merton/istock
  • 05 Octobre 2025
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    Le diabète de type 2 débutant avant 18 ans progresse rapidement, cumule insulinorésistance marquée, déclin accéléré des cellules β et complications précoces, alors même que les options validées chez l’adulte délivrent des bénéfices plus modestes en pédiatrie et n’améliorent guère le poids. Le tirzépatide, agoniste double GIP/GLP-1 à injection hebdomadaire, a montré chez l’adulte des baisses d’HbA1c jusqu’à −2,6 % et des pertes pondérales notables. L’essai international de phase 3 SURPASS-PEDS comble la lacune pédiatrique : 99 adolescents (âge moyen 14,7 ans ; HbA1c 8,04 %) ont été randomisés 1:1:1 vers tirzépatide 5 mg, 10 mg ou placebo pendant 30 semaines.

    Selon les résultats publiés dans The Lancet, le critère principal, la variation de l’HbA1c à 30 semaines, montre une réduction moyenne de −2,23 % dans les groupes tirzépatide versus +0,05 % sous placebo, soit une différence estimée de −2,28 % (IC à 95 % −2,87 à −1,69 ; p<0,0001). Le contrôle glycémique se maintient jusqu’à 52 semaines lors de l’extension ouverte, argumentant pour un effet durable.

    Au-delà de l’HbA1c : poids, facteurs cardiométaboliques et tolérance

    Le bénéfice métabolique s’étend au poids : à 30 semaines, l’indice de masse corporelle diminue de −7,4 % (5 mg/jour de tirzépatide) et −11,2 % (10 mg/joue), contre −0,4 % sous placebo. Les analyses secondaires signalent également des améliorations de la glycémie à jeun, de la pression artérielle, du profil lipidique et du tour de taille dans les bras actifs. La cohorte, majoritairement féminine (61 %), illustre la diversité géographique du DT2 pédiatrique ; l’efficacité apparaît homogène quels que soient l’âge de stratification (≤14 ou >14 ans) et le traitement de fond (metformine, insuline basale ou les deux).

    Côté tolérance, les événements indésirables digestifs (nausées, vomissements, douleurs abdominales) sont le plus souvent légers à modérés et décroissent avec le temps ; deux arrêts (6 %) surviennent dans le bras 5 mg, aucun décès n’est rapporté. Le profil de tolérance recoupe celui établi chez l’adulte, sans excès d’hypoglycémies rapporté dans cette population traitée en association avec des agents non insulinosécréteurs.

    Une maladie plus agressive, un besoin non couvert

    SURPASS-PEDS est un essai multicentrique, multinational, randomisé, en double aveugle de 30 semaines, conduit dans 39 centres de huit pays, avec extension ouverte de 22 semaines où tous reçoivent le tirzépatide. Les participants, investigateurs et promoteur étaient masqués pendant la phase contrôlée ; la randomisation était stratifiée (âge et traitement antihyperglycémiant de fond). L’analyse d’efficacité et de sécurité a inclus tout patient ayant reçu au moins une dose. Cette architecture renforce la validité interne (masquage, comparabilité, critère principal objectif) et la représentativité externe par la diversité des sites. Ses limites doivent toutefois guider l’interprétation : effectif modeste (n=99) pour une pathologie hétérogène, suivi limité à un an, absence de comparaisons directes avec metformine ou insuline basale, et interrogation pratique sur l’intégration avec les iSGLT2. La question de l’utilisation au long cours chez de jeunes patientes en âge de procréer demeure centrale, les agonistes d’incrétines n’étant pas recommandés pendant la grossesse.

    Selon un éditorial associé, ces résultats justifient d’envisager précocement le tirzépatide chez les adolescents avec DT2 insuffisamment contrôlé par metformine et/ou insuline basale, afin d’atteindre simultanément les cibles glycémiques (HbA1c <6,5 %) et pondérales (−7 à −10 %) fixées par les standards. La mise en œuvre requiert une éducation thérapeutique sur les effets digestifs et une surveillance métabolique rapprochée. Côté recherche, des essais tête-à-tête versus metformine et insuline, des suivis prolongés sur complications micro/macrovasculaires et fertilité, et des stratégies combinées avec iSGLT2 sont prioritaires. À l’heure de l’explosion mondiale du DT2 pédiatrique, la double agoniste GIP/GLP-1 ouvre une fenêtre d’intervention précoce pour infléchir la trajectoire métabolique dès l’adolescence.

     

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