Pneumologie
Asthme de l’enfant : l’association budésonide–formotérol réduit nettement les crises
Chez les enfants souffrant d’un asthme léger, l’utilisation d’une combinaison budésonide–formotérol réduit significativement la fréquence des crises comparativement au salbutamol seul, sans perte de sécurité. Ces résultats comblent une lacune importante dans la prise en charge pédiatrique.

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Chez l’adulte et l’adolescent, les recommandations internationales privilégient désormais l’usage d’un traitement associant un corticoïde inhalé (CI) à un β2-agoniste à action - prolongée (formotérol) plutôt qu’un bronchodilatateur seul. Mais jusqu’ici, aucun essai randomisé n’avait établi l’efficacité de cette stratégie chez l’enfant. L’essai néo-zélandais CARE, conduit sur 52 semaines, visait à combler cette lacune.Trois cent soixante enfants de 5 à 15 ans présentant un asthme léger et utilisant habituellement un SABA ont été randomisés pour recevoir soit budesonide–formotérol 50/3 µg (2 bouffées à la demande), soit salbutamol 100 µg (2 bouffées à la demande).
Selon les résultats présentés au congrès européen de pneumologie, l’ERS, et publiés dans The Lancet, le critère principal, le taux annuel de crises (modérées ou sévères), objective une réduction de 45 % dans le groupe budésonide–formotérol : 0,23 crise par patient-an contre 0,41 sous salbutamol (RR 0,55 ; IC à 95 % 0,35–0,86 ; p = 0,012). Ces données confirment, pour la première fois chez l’enfant, le bénéfice d’un traitement de secours combinant anti-inflammatoire et bronchodilatation rapide.
Des bénéfices homogènes, sans sur-risque associé
La population étudiée, d’âge moyen 10 ans, comportait 21 % d’enfants ayant déjà eu une crise sévère dans l’année précédente. Les bénéfices observés se sont étendus à la majorité des sous-groupes, sans différence significative selon le sexe, l’origine ethnique ou la sévérité initiale.
Les crises sévères, analysées en critère secondaire, ont également été moins fréquentes dans le groupe budésonide–formotérol (RR 0,60), bien que la différence n’ait pas atteint le seuil de significativité, probablement en raison de la diminution générale des exacerbations pendant la pandémie de Covid-19, qui a réduit la puissance statistique.
La tolérance s’est révélée excellente et comparable : 91 % versus 92 % d’enfants ont rapporté au moins un événement indésirable, sans différence sur la vitesse de croissance. Aucun nouveau signal n’a été observé. L’analyse par âge suggère un effet plus marqué chez les 12-15 ans que chez les 5-11 ans, possiblement lié à une meilleure autonomie dans l’usage de l’inhalateur. Ce constat souligne la nécessité de renforcer l’éducation thérapeutique parentale pour les plus jeunes. Enfin, le protocole prévoyait une escalade thérapeutique encadrée en cas de crise, garantissant la sécurité tout en maintenant la comparabilité des groupes.
Une étude solide aux implications immédiates
L’essai CARE, randomisé, multicentrique et ouvert, mené dans 15 centres néo-zélandais entre 2021 et 2023, a comparé deux stratégies de secours sur une base de supériorité. L’objectif de « tolérance zéro » aux crises d’asthme, prôné par la commission du Lancet en 2018, trouve ici sa première validation chez l’enfant. Les résultats reposent sur une méthodologie rigoureuse : répartition équilibrée, suivi sur un an, ajustement en cluster, et définition objective du critère principal. Si le caractère ouvert et l’origine géographique limitent partiellement la généralisation, la cohorte reflète une population pédiatrique diversifiée, intégrant des groupes sous-représentés (Maoris, îles du Pacifique).
Selon un éditorial associé, ces données justifient d’envisager, chez les enfants souffrant d’un asthme léger, le remplacement du salbutamol seul par le couple budésonide–formotérol à la demande. Cette approche, plus protectrice pour les voies aériennes, pourrait devenir la norme dans les futures recommandations internationales, sous réserve de validation chez les plus jeunes (moins de 6 ans) et d’études d’implémentation à large échelle.
Ainsi, la combinaison corticoïdes inhalés–formotérol apparaît comme une solution simple, efficace et sûre pour rapprocher la pédiatrie de l’objectif désormais partagé de « zéro crise d’asthme ».