Enquête

Arômes alimentaires : ce que cachent les étiquettes

Un goût framboise sans la framboise : une enquête de 60 Millions de consommateurs sur les arômes alimentaires industriels dévoile un étiquetage trompeur et la présence de substances potentiellement toxiques.

  • Igor Barilo / istock
  • 28 Novembre 2025
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    Ils sont partout, mais on ne les voit pas toujours : les arômes alimentaires se cachent dans la quasi-totalité des produits industriels. Yaourts, chips, biscuits, boissons ou plats préparés, tous contiennent des substances chimiques censées renforcer ou imiter les saveurs. Pourtant, les étiquettes sur les emballages "induisent trop souvent en erreur le consommateur", qui peine donc à savoir ce qu'il mange vraiment, dénonce l’association 60 Millions de consommateurs dans un récent communiqué.

    Des arômes "naturels" pas si authentiques

    Depuis 2008, un règlement européen encadre l'utilisation des arômes alimentaires : composition, doses maximales et étiquetage. Mais la terminologie reste plutôt floue. Ainsi, un "arôme naturel de framboise" signifie que 95 % des composants proviennent bien de la framboise. En revanche, un simple "arôme naturel" peut être issu d'une source complètement différente, comme l'iris pour recréer le goût de framboise. De quoi leurrer même les consommateurs les plus avertis.

    La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a mené une enquête en 2023, publiée en septembre dernier. Sur 294 établissements visités, près de 40 % présentaient des étiquetages ambigus : mentions vagues comme "arôme de raisin" au lieu de "arôme naturel de raisin", ou absence pure et simple de l'arôme dans la liste des ingrédients.

    Plus grave, sur 136 produits analysés, la DGCCRF a relevé des non-conformités majeures : présence de substances interdites (colorants ou additifs), ou utilisation frauduleuse du mot "naturel" pour désigner des arômes de synthèse, notamment avec les saveurs exotiques (noix de coco et mangue) et, surprise, dans les produits biologiques. "Le règlement bio impose pourtant l’usage exclusif d’"arômes naturels de X" (par exemple, "arôme naturel d’orange")", selon 60 Millions de consommateurs.

    Les arômes de fumée dans le collimateur

    Autre source d'inquiétude : les arômes de fumée, très utilisés dans les soupes, chips, sauces, jambons ou fromages fumés. En 2024, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a estimé que ces substances présentent un risque de génotoxicité, autrement dit la capacité d’endommager le matériel génétique des cellules. Leur retrait est donc exigé dans un délai d’un à quatre ans selon les produits. En attendant, mieux vaut lire attentivement les étiquettes pour limiter son exposition.

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