Oncologie

Douleurs liées à la chimiothérapie : une des causes identifiées

Dans une nouvelle étude, des chercheurs ont découvert un mécanisme moléculaire qui pourrait bien expliquer certains effets secondaires de la chimiothérapie. 

  • Aamulya/iStock
  • 23 Novembre 2025
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    Les effets secondaires de la chimiothérapie sont parfois très difficiles à vivre. Ce traitement contre le cancer peut notamment affecter les nerfs entraînant, pour certains patients, des symptômes tels que des engourdissements, des picotements ou encore des fourmillements, surtout aux extrémités. Selon l’Institut national du cancer (INCa), ces effets secondaires nerveux peuvent être regroupés sous l'appellation de troubles neuropathiques périphériques. En plus de l’impact sur le quotidien du patient, ces symptômes peuvent conduire à l’arrêt du traitement et à son remplacement si les conséquences sont trop importantes. 

    La chimiothérapie active un capteur de stress

    Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue Science Translational Medicine, des chercheurs viennent de mieux comprendre l’un des mécanismes liés à ces troubles neuropathiques. Selon eux, la chimiothérapie active un capteur de stress - la protéine IRE1α - dans les cellules immunitaires, déclenchant une inflammation et des lésions nerveuses à l’origine des effets secondaires du traitement.

    Nous avons découvert un mécanisme moléculaire qui concerne spécifiquement les cellules immunitaires, et non les neurones, explique le Dr Juan Cubillos-Ruiz, co-auteur de l'étude, dans un communiqué. Cela apporte une preuve solide que la neuropathie induite par la chimiothérapie n’est pas seulement un problème nerveux, mais un processus inflammatoire médié par le système immunitaire et déclenché par le stress cellulaire.

    Dans le cadre de leurs travaux, les scientifiques ont mené des expériences sur des souris. Lorsqu’ils leur ont administré une chimiothérapie couramment utilisée chez l’Homme, appelée paclitaxel, ils ont observé l’activation d'un capteur de stress - la protéine IRE1α - dans les cellules immunitaires des rongeurs. Une fois IRE1α activée, les cellules immunitaires étaient alors plongées dans un état inflammatoire intense. En réaction, les cellules immunitaires ont libéré des molécules inflammatoires qui irritent et endommagent les nerfs. Cette réaction en chaîne produit les symptômes caractéristiques des troubles neuropathiques périphériques : douleur, sensibilité au froid et perte de fibres nerveuses.

    Moins d’effets secondaires en bloquant la protéine

    Est-il possible de stopper ces effets secondaires ? Les chercheurs ont essayé, en bloquant IRE1α, la protéine par laquelle le stress atteint les cellules immunitaires. Chez les souris, ils ont observé des résultats encourageants : en inactivant IRE1α, les effets secondaires liés à la chimiothérapie ont diminué. Nos résultats suggèrent que cibler pharmacologiquement la protéine IRE1α pourrait atténuer la neuropathie induite par [le traitement de chimiothérapie], permettant ainsi aux patients de poursuivre leur chimiothérapie sans subir les effets secondaires néfastes liés aux lésions nerveuses”, souligne le Dr Cubillos-Ruiz. 

    En parallèle, les chercheurs ont mené une autre étude auprès de femmes traitées par paclitaxel pour des cancers gynécologiques. Des prélèvements sanguins ont été effectués avant et pendant chaque cycle de chimiothérapie. Résultat : les chercheurs ont identifié des marqueurs sanguins chez celles ayant ultérieurement développé des troubles neuropathiques périphériques. Ceux-ci étaient visibles avant même l’apparition des premiers symptômes, ce qui suggère qu’une prise de sang pourrait permettre de dépister les patients les plus à risque de développer des effets secondaires de la chimiothérapie. Mais avant cela, ou la mise au point de traitements plus ciblés, d’autres recherches seront nécessaires.

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