ADN

Pourquoi les femmes reconnaissent mieux les odeurs que les hommes

Une vaste étude génétique révèle que notre perception des odeurs est en partie inscrite dans notre ADN, avec des différences marquées entre les sexes et des liens possibles avec Alzheimer.

  • Anton Vierietin / istock
  • 02 Aoû 2025
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    Notre perception des odeurs ne dépend pas uniquement de notre nez, ni même de nos expériences : elle est aussi inscrite dans nos gènes. Ce qui expliquerait notamment pourquoi les hommes et les femmes ne sentent pas pareil. C'est ce que révèle la plus grande étude génétique jamais réalisée sur l'odorat humain, publiée dans la revue Nature Communications. Dirigée par des chercheurs de l'Université de Leipzig, en Allemagne, cette analyse a porté sur plus de 21.000 personnes d'origine européenne.

    Sept nouveaux gènes liés à l'odorat

    Les volontaires ont participé à des tests simples : identifier douze odeurs du quotidien grâce à des stylos odorants. Leurs réponses ont ensuite été croisées avec leurs données génétiques. Aucun gène n'influence l'ensemble des odeurs : les effets observés ont concerné des odeurs bien précises. "Nous avons identifié 10 régions génétiques associées à la capacité à détecter certaines odeurs : sept de ces régions sont de nouvelles découvertes. Trois montrent même des effets différenciés selon le sexe", explique le professeur Markus Scholz, qui a dirigé la recherche, dans un communiqué. Ces résultats pourraient permettre, à terme, une meilleure compréhension des troubles olfactifs et une détection plus précoce de certaines maladies.

    Les chercheurs ont ainsi confirmé un fait déjà observé : les femmes identifient mieux les odeurs que les hommes. Une méta-analyse publiée en 2019 dans Frontiers in Psychology montrait déjà qu'elles font moins d'erreurs et détectent les odeurs à plus faible concentration. Les hormones sexuelles sont en partie responsables : "Les femmes perçoivent les odeurs différemment pendant leur cycle menstruel ou la grossesse", souligne le Pr Scholz. Mais les facteurs sociaux ne sont pas à négliger non plus : les femmes, plus souvent assignées à des activités comme la cuisine, sont culturellement plus exposées à un "apprentissage" olfactif.

    L’odorat, une piste pour prédire Alzheimer ?

    L'étude a également mis en évidence un lien entre "le risque de maladie d'Alzheimer et la capacité à détecter les odeurs", selon le chercheur Franz Förster, qui a participé aux travaux. Cela renforce l'idée que l'odorat, les hormones sexuelles et les maladies neurodégénératives sont interconnectés. Une dégradation de l'odorat pourrait donc servir de signal d'alerte précoce.

    Une étude encore plus ambitieuse est actuellement en cours dans le cadre d’une cohorte nationale allemande, avec 200.000 participants. L'équipe espère approfondir les liens entre génome, sexe et perception olfactive. L'objectif à long terme : améliorer le diagnostic des maladies liées à l'odorat, mais aussi comprendre comment notre génétique façonne notre relation au monde invisible des odeurs.

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    JDF