Dermatologie
Dermatologie : et si la mode des tatouages était dépassée ?
En France, le tatouage continue de séduire mais ils sont aussi de plus en plus nombreux à le regretter et à se détatouer.

- Par Diane Cacciarella
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- Xeniya Stetsenko/iStock
14 % des Français sont ou ont déjà été tatoués, selon une étude de l'Institut français d'opinion publique (IFOP) réalisée en 2017, alors qu'ils n'étaient que 10 % en 2010. Le tatouage séduit de plus en plus et reste à la mode, comme en témoignent les 27 % de moins de 35 ans qui ont déjà tenté l’expérience.
Mais, en parallèle, ils sont aussi très nombreux à vouloir effacer ce souvenir. Selon les chiffres de la Société française de dermatologie, au moins 10 % des 5 à 10 millions de “tatoués” désireront se faire retirer leur tatouage dans les prochaines années.
Plusieurs séances de détatouage
Cet acte médical s’appelle le détatouage. Avec un laser, le médecin - uniquement - fractionne les particules de pigments qui sont dans le derme afin qu'elles soient éliminées par l’organisme. Souvent, il faut plusieurs séances pour faire disparaître le tatouage. “C’est très long, beaucoup plus que je ne l’imaginais, une séance tous les deux mois ; il en faudra au moins dix”, explique Mathias à Madame Figaro. À 50 ans, ce directeur de la communication veut enlever deux de ses quatre tatouages. “Tout ça pour un tatouage fait en cinq minutes… Je ne suis pas allé dans un centre de laser façon vendeurs de cigarettes électroniques qui sont reconvertis dans le détatouage, poursuit-il. J’ai choisi une véritable clinique, avec des médecins expérimentés.”
Deux types de lasers - Q-switched et picosecondes - sont principalement utilisés pour le détatouage, d’après l’Assurance maladie. Ceux-ci peuvent entraîner des complications à court terme : douleurs, croûtes, œdème ou encore des réactions urticariennes locales ou allergiques. Plusieurs jours après, certaines personnes souffrent aussi de troubles pigmentaires (hypo ou hyperpigmentations) transitoires ou définitifs, de modifications de la texture de la peau, de cicatrices ou même de résultats insuffisants.
“En plus des lasers ratés, je vois de plus en plus de gens séduits par le détatouage via les produits chimiques appliqués par des esthéticiennes ou des tatoueurs, assure Nicolas Kluger, docteur dermatologue et auteur de Mon tatouage et moi (Éditions Vuibert, 2024), à Madame Figaro. Cela peut faire des cicatrices de brûlures difficiles à récupérer.”
L’Assurance maladie déconseille aussi le détatouage chimique. “Les professionnels du tatouage et les cabinets d’esthétique proposent des procédés de destruction des tatouages par l’injection d’un produit chimique dans le derme, indique le site ameli.fr. La liste de produits utilisables n’étant pas fixée et leurs modalités d’utilisation n’étant pas définie, il convient de ne pas avoir recours à ce procédé.” En plus des cicatrices et des brûlures, le patient risque d’autres complications cutanées, comme l’inflammation ou la nécrose des tissus.
Les burn lines ou sun tattoos, des pratiques dangereuses
Cet été, d’autres pratiques inquiètent les dermatologues : les “burn lines” et les “sun tattoos”. Les premières consistent à obtenir une marque blanche très prononcée au niveau du maillot de bain, surtout le haut. Les seconds sont des tatouages blancs, dessinés avec de la crème solaire. Dans les deux cas, le reste de la peau n’est pas protégée pour obtenir un fort contraste.
Le risque immédiat est un coup de soleil, qui selon l’Assurance maladie, est une brûlure plus ou moins grave de la peau. À plus long terme, s’exposer sans protection solaire augmente le risque de cancer de la peau. En 2023, 17.922 mélanomes ont été diagnostiqués et, un an plus tôt, il y a eu 1.922 décès, d’après le Panorama des cancers – Edition 2025.