Intestin
Le jeûne intermittent peut-il prévenir le déclin cognitif ?
En agissant sur l’intestin, l’inflammation et les cellules nerveuses, le jeûne intermittent pourrait protéger la santé du cerveau et ralentir le déclin cognitif, selon une étude sur des modèles animaux.

- Par Stanislas Deve
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- Rasa Petreikiene / istock
Sauter quelques repas pourrait bien renforcer notre cerveau en vieillissant. C’est en substance la conclusion d’une nouvelle étude publiée dans la revue Nutrients. D’après les chercheurs, le jeûne intermittent peut jouer un rôle clé dans la prévention des maladies neurodégénératives comme l'Alzheimer. Des effets protecteurs sur la fonction synaptique, l’inflammation, l’immunité et même la santé intestinale ont en effet été observés dans plusieurs modèles précliniques.
Un dialogue entre intestin et cerveau
Comment l’expliquer ? Le jeûne intermittent stimule la croissance de bactéries intestinales productrices d'acides gras à chaîne courte (AGCC), comme Roseburia spp. ou Eubacterium spp., liées à une meilleure intégrité intestinale et à une réduction de l’inflammation. Ces métabolites jouent un rôle clé dans l’axe intestin-cerveau. "Le jeûne modifie aussi le métabolisme des acides biliaires et du tryptophane, influençant la production de neurotransmetteurs comme la sérotonine", notent les chercheurs dans un communiqué.
Dans le détail, le jeûne intermittent active l’autophagie (un processus naturel d'auto-nettoyage des cellules et de dégradation des pathogènes) via la voie SIRT1/mTOR, protège les mitochondries, et favorise la production de BDNF (facteur neurotrophique issu du cerveau), une molécule essentielle à la plasticité neuronale. La pratique réduit aussi l’inflammation dite hypothalamique, liée aux désynchronisations des rythmes circadiens.
Des expériences sur des modèles de souris souffrant d’Alzheimer ont également montré une baisse de la phosphorylation de la protéine tau (au cœur des maladies neurodégénératives), ainsi qu’une densité synaptique accrue dans l’hippocampe, une région du cerveau qui joue un rôle central dans la mémoire et la navigation spatiale.
Ralentir le vieillissement cérébral
En s’appuyant sur l’axe intestin-cerveau, l’autophagie, la chronobiologie (l'étude des rythmes biologiques dans l'organisme, qui régissent notre cerveau, nos hormones, nos cellules mais aussi nos capacités cognitives et notre fréquence cardiaque) ou encore la santé mitochondriale, le jeûne intermittent ouvre des pistes pour ralentir le vieillissement cérébral.
Les résultats sont prometteurs mais, pour passer du laboratoire à la clinique, des essais cliniques sur l’Homme restent indispensables, selon les auteurs, qui appellent à la prudence : "La plupart des preuves disponibles proviennent de modèles animaux". Adapter le jeûne intermittent à des patients âgés ou fragiles sur le plan cognitif pose aussi des défis, comme les risques d’hypoglycémie ou de dénutrition. L’avenir réside peut-être dans une approche personnalisée, combinant biomarqueurs circadiens, applications connectées et activité physique.