Intelligence artificielle
Procréation assistée : comment l’IA peut repérer les bons spermatozoïdes
Aux Etats-Unis, une femme est tombée enceinte après 19 ans d’infertilité grâce à une intelligence artificielle capable de détecter et isoler des spermatozoïdes introuvables à l’œil nu.

- Par Stanislas Deve
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- Rost-9D / istock
C'est une première mondiale qui redonne espoir à des milliers de couples confrontés à l'infertilité masculine. Une femme, restée anonyme, est finalement tombée enceinte après 19 ans d'essais infructueux, grâce à un système d'intelligence artificielle inédit développé par le Centre de fertilité de l'Université Columbia, aux Etats-Unis. La prouesse a été rapportée par le magazine Time.
Des spermatozoïdes viables sélectionnés par l’IA
Environ 10 % des cas d'infertilité masculine sont liés à l'azoospermie, qui désigne une absence de spermatozoïdes dans l'éjaculat et concerne moins de 1 % des hommes. Le Dr Zev Williams, directeur du centre, explique : "Même si l'œil humain perçoit un échantillon comme normal, les embryologistes peinent à y déceler le moindre spermatozoïde." C’est là que le nouveau système STAR, pour "Sperm Track and Recovery", entre en jeu et change la donne.
Inspiré des outils d’astrophysique, STAR combine un algorithme d’intelligence artificielle (IA) et une puce microfluidique, qui permet le contrôle, la manipulation et l'analyse de minuscules volumes de fluides. En analysant jusqu’à huit millions d’images en une heure, le logiciel peut identifier et isoler les spermatozoïdes viables les plus rares, avec une telle précision que les "heureux élus" peuvent ensuite être congelés, stockés ou utilisés pour féconder un ovule. "C'est comme trouver une aiguille dans mille meules de foin", illustre Dr Williams. Preuve de son efficacité : alors que, dans un des échantillons analysés, les chercheurs n’ont trouvé aucun spermatozoïde en deux jours d’observation, STAR "en a trouvé 44 en une heure".
Un espoir pour traiter l’infertilité masculine
Pour tomber enceinte, la future mère et son mari avaient tout essayé, sans succès : 15 fécondations in vitro, chirurgie, experts internationaux, techniques controversées impliquant des produits chimiques. "Il n’y avait plus rien à tenter", confie la jeune femme. Rien à part l’IA qui offrait, en l’occurrence, une alternative naturelle, sans traitements intrusifs.
Le cycle de mars 2025 ne différait pas des précédents, si ce n’est que STAR a permis de féconder ses ovocytes à partir de spermatozoïdes isolés quelques heures auparavant. "Nous avons appris que les ovocytes étaient fécondés deux heures après la collecte. Deux jours plus tard, j’étais enceinte", raconte la future maman, aujourd’hui dans son quatrième mois de grossesse.
Cette première mondiale pourrait révolutionner le traitement de nombreuses causes d’infertilité masculine. "L’IA révèle des choses que nous étions jusqu’alors incapables de voir. Notre rêve, c’est de développer des technologies pour que ceux à qui l’on disait : 'vous n’aurez jamais d’enfant' puissent en avoir", conclut le Dr Zev Williams.