Génétique

Et si tous les humains étaient potentiellement allergiques à l’arachide ?

L'Homme possède un répertoire d'anticorps germinaux qui se développent et sont prêts à réagir à l'arachide, pouvant entraîner ou non la survenue d’une allergie.

  • White Bear Studio/iStock
  • 12 Jun 2025
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    Les êtres humains développent des anticorps d'immunoglobuline G (IgG) contre les aliments qu'ils consomment. Dans le contexte de l'allergie alimentaire, les anticorps IgG spécifiques de l'allergène peuvent se transformer séquentiellement en IgE pathogènes. "Cependant, le mécanisme qui sous-tend l'antigénicité des protéines alimentaires n'a pas encore été caractérisé", selon des chercheurs du Centre d'allergie alimentaire du Massachusetts General Hospital (MGH). Dans une nouvelle recherche, ces derniers ont voulu étudier la réponse des anticorps à l'un des antigènes alimentaires, l'allergène Ara h 2 de l'arachide.

    Des anticorps pouvant se lier à l'arachide sont présents chez les êtres humains

    L’équipe a découvert que, grâce à leurs gènes, les êtres humains étaient fréquemment porteurs d'anticorps qui se lient à un épitope spécifique de l'Ara h 2. "Ces anticorps sont convergents parce qu'ils se lient à l'Ara h 2 d'une manière cohérente. Cette convergence structurelle s'est produite même dans ces anticorps lorsque toutes les mutations ont été supprimées, ce qui prouve que ces interactions de liaison sont codées par des gènes d'anticorps communs", peut-on lire dans les résultats parus dans la revue Science Translational Medicine.

    Ensuite, les auteurs ont recherché ces anticorps spécifiques en concevant un nouveau test sanguin. Chez les personnes allergiques à l'arachide, tous présentaient ces anticorps. Pour aller plus loin, ils ont aussi tenté de déterminer si ces anticorps courants et faciles à produire pouvaient également se développer dès la première consommation d'arachide par les nourrissons. Verdict : la plupart des jeunes enfants âgés d’un à trois ans qui produisent des anticorps IgG dirigés contre ces protéines d'arachide produisent ces anticorps spécifiques.

    "Nous avons été étonnés de découvrir des anticorps très similaires. Statistiquement, cela semble improbable, car notre système immunitaire peut produire jusqu'à un quintillion de types d'anticorps différents. La découverte de ces anticorps publics quasi identiques chez plusieurs patients nous a fascinés", a déclaré Sarita Patil, qui a participé aux travaux.

    Allergie à l’arachide : "les anticorps peuvent avoir un effet protecteur"

    Selon les scientifiques, le fait que des personnes développent des anticorps très similaires suggère qu'il est également possible de cibler thérapeutiquement l'allergie alimentaire chez tous les patients. "Comme nous le savons, les anticorps peuvent avoir un effet protecteur, mais ils peuvent aussi provoquer des maladies dans le contexte de l'allergie. Si, à plus grande échelle, nous parvenons à analyser comment les êtres humains développent des anticorps et pourquoi certains deviennent allergiques, nous pourrions être en mesure d'intervenir avec des thérapies ciblées pour traiter et prévenir les allergies alimentaires à l'échelle de la population", a conclu Sarita Patil.

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