Oncologie
Cancers ORL : les résultats prometteurs d’un candidat vaccin
Des chercheurs de l’Institut Curie ont développé un vaccin contre les cancers ORL destiné aux personnes à risque de récidive.

- Par Mégane Fleury
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- Thiago Santos/ISTOCK
Après un cancer, les patients vivent avec le risque de la récidive. Pour le réduire, des chercheurs de l’Institut Curie travaillent sur une méthode innovante : un vaccin personnalisé. Le produit est destiné à des patients en rémission d’un cancer ORL. Ces spécialistes ont présenté les résultats de leur étude de phase 1 lors du Congrès annuel de la société américaine d’oncologie, organisé à Chicago cette semaine.
Cancer ORL : des récidives difficiles à soigner
"Les cancers ORL, même après une opération et des traitements lourds, présentent un risque élevé de récidive, de l’ordre de 20 % à 30 %", rappellent-ils dans un communiqué. Dans une interview à 20 Minutes, le professeur Christophe Le Tourneau, oncologue et chef du département des essais cliniques précoces à l’Institut Curie, qui a dirigé cet essai, explique que "la récidive est beaucoup plus difficile à soigner que le cancer primitif".
Un vaccin personnalisé pour réduire le risque de récidive des cancers ORL
Avec son équipe, il a donc mis au point ce vaccin destiné spécifiquement aux personnes ayant été soignées pour un cancer, soit par radiothérapie, chimiothérapie ou opération. "Ce vaccin est individuel : chaque patient reçoit un vaccin élaboré à partir du séquençage du génome de ses cellules tumorales et de l’identification d’environ 30 mutations propres à chaque patient grâce à une technologie extrêmement sophistiquée utilisant de l’intelligence artificielle", indique le communiqué. Ensuite, les motifs ADN de ces mutations sont insérés dans un vaccin de la variole atténuée puis administrés aux patients. Le système immunitaire peut agir contre ces mutations et détruire les cellules tumorales.
Cancer ORL : les premiers résultats concluants de l'essai sur le vaccin anti-récidive
Dans leur essai, le Pr Christophe Le Tourneau et son équipe ont recruté 33 patients en rémission. Les patients ont été randomisés pour recevoir soit des doses du vaccin, appelé TG4050, en monothérapie ou soit aucun vaccin. Pour le premier groupe, les injections ont été administrées en deux temps : une par semaine pendant six semaines, puis une toutes les trois semaines pendant 14 semaines. "Les résultats révèlent que TG4050 est sûr et induit des réponses immunitaires prolongées, concluent les scientifiques dans leur communiqué. Aucun des patients ayant reçu le vaccin n’a rechuté, tandis que dans le groupe n’ayant pas reçu de vaccin, on observe près de 20 % de rechute qui étaient attendus, avec un gain statistiquement significatif en survie sans récidive."
À 20 Minutes, le Pr Le Tourneau précise qu’un essai de phase II vient de débuter et qu’il s’achèvera en fin d’année. L’équipe devra ensuite réaliser un essai clinique de phase III dont les résultats détermineront la potentielle commercialisation du sérum. "La vaccination thérapeutique individualisée est un vrai espoir pour ces patients atteints de ces cancers et nous avons hâte d’aller plus avant dans le développement de ce vaccin personnalisé et extrêmement novateur", se réjouit le Pr Christophe Le Tourneau dans le communiqué.