Cardiologie

Risque cardiovasculaire : un nouvel antithrombique sans risque hémorragique

Un nouvel antithrombique pourrait prévenir le risque d'infarctus du myocarde et d'accident vasculaire cérébral chez les personnes à risque sans majoration du risque d’hémorragie. Il a été mis au point par des chercheurs de l’université de l'Illinois.

  • Lars Neumann/iStock
  • 17 Juillet 2020
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    Les agents antiplaquettaires (AAP) inhibent les fonctions plaquettaires, et en particulier l’activation et l’agrégation des plaquettes lors de l’hémostase, c’est-à-dire l’ensemble des mécanismes conduisant au thrombus vasculaire. Le principal effet secondaire de ces agents est qu’ils créent une thrombopathie médicamenteuse, irréversible dans le cas de l'aspirine.

    Malheureusement, les médicaments antiplaquettaires actuels empêchent la coagulation du sang qui provoque les infarctus du myocarde et les accidents vasculaires cérébraux, mais perturbent également la capacité des plaquettes à arrêter le saignement si un vaisseau sanguin est lésé, explique le professeur Xiaoping Du de l’université de l’Illinois, à Chicago (Etats-Unis), auteur d’une nouvelle étude publiée dans la revue Science Translational Medicine. Dans certains cas, un saignement important peut mettre la vie du malade en danger.”

    Un traitement agissant sur le mécanisme de coagulation

    Avec son équipe de recherche, le professeur de pharmacologie et de médecine régénérative a mis au point un médicament qui “empêche les caillots mais ne rend pas les gens enclins aux saignements, ce que d’autres médicaments n’ont pas réussi à faire”, explique-t-il dans un communiqué.

    Dans une précédente étude, Xiaoping Du et ses collègues avaient identifié un mécanisme de signalisation important dans le processus de coagulation du sang qui n'était pas indispensable à l'agrégation des plaquettes en cas de plaie ou pour prévenir les saignements. En s'appuyant sur cette découverte, les chercheurs ont synthétisé un peptide capable de cibler ce mécanisme de signalisation et ont conçu une nanoparticule qui a réussi à délivrer le peptide dans les plaquettes.

    Le médicament, à base de nanoparticules dérivées du peptide — appelé "nanoparticules peptidiques à forte charge M3mP6", le HLPN — a ensuite été testé chez la souris comme traitement possible de l'infarctus du myocarde.

    Une réduction de l’inflammation et du risque hémorragique

    Administré par injection chez les souris dans un modèle d'infarctus du myocarde, le médicament permet une réduction des lésions cardiaques, une diminution de la coagulation et une réduction de l’inflammation. Les chercheurs ont par ailleurs constaté une amélioration de la fonction cardiaque et une hausse des chances de survie.

    Ces résultats sont particulièrement encourageants car ils permettraient également de limiter les lésions de reperfusion, c’est-à-dire une hémorragie due, après un infarctus du myocarde, à l’angioplastie combinée aux médicaments antiplaquettaires. Quand le tissu myocardique est endommagé, “la réouverture de l’artère peut déclencher une inflammation, provoquant des fuites et des caillots dans les petits vaisseaux sanguins et endommageant davantage le cœur”, ce qui peut conduire au décès du patient.

    "Nous espérions que ce nouveau médicament, qui ne provoque pas de fuites dans les vaisseaux sanguins, aiderait à limiter les lésions de reperfusion et à réduire le risque d'insuffisance cardiaque et de décès, et notre hypothèse s'est avérée correcte. Nous avons vu les résultats très prometteurs de notre étude”, se félicite Xiaoping Du. De nouveaux essais vont cette fois-ci est conduits sur l’humain pour confirmer l’efficacité du traitement.

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