Infectiologie

Séropositifs : les cancers d’origine infectieuse sont 10 fois plus fréquents

L’incidence des cancers d’origine infectieuse est de 40% chez les séropositifs contre 4% dans la population générale. Un constat qui témoigne aussi d’une amélioration de la survie sous traitement anti-rétroviral.

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  • 23 Octobre 2015
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    C’est la double peine pour les patients vivant avec le VIH. Outre leur infection chronique par ce virus, et les risques liés au SIDA et à son traitement, ils sont dix fois plus exposés aux cancers d’origine infectieuse. Ce sont les données d’une étude menée par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) sur les registres des cancers et des infections par le VIH aux Etats-Unis entre 1996 et 2010. Parue dans la revue AIDS, elle montre l’importance de prendre en charge ces patients lorsque leur système immunitaire est encore indemne.

     

    Le trio de tête : herpès, mononucléose, papillomavirus

    Rien qu’en 2008, 6 200 cas de cancers ont été diagnostiqués dans la population séropositive. Parmi eux, 2 500 avaient une origine infectieuse. C’est dix fois plus que dans la population générale, comme le souligne Martyn Plummer, du CIRC : « Environ 40 % des cancers sont causés par des infections chez les séropositifs contre 4 % dans la population générale. Cette proportion est plus élevée que dans la population générale de n’importe quelle région du globe, y compris l’Afrique subsaharienne, où 33 % des cancers sont attribués aux infections. »

    Les cancers qui touchent les personnes séropositives sont différents de la population générale. Dans cette dernière, les tumeurs d’origine infectieuse dominantes atteignent l’estomac, le foie et le col de l’utérus. Chez les personnes séropositives, 2 200 des nouveaux cas de cancers sont représentés par trois origines infectieuses : arrivent en tête les sarcomes de Kaposi qui sont associés au virus de l’herpès et sont liés à une forte immunosuppression, suivis des lymphomes causés par le virus d'Epstein-Barr (mononucléose infectieuse) et des cancers anaux causés par le papillomavirus. Ce même virus est responsable de la moitié des tumeurs chez les femmes vivant avec le VIH.

     

    Un constat en faveur du traitement précoce

    Ces résultats sont révélateurs de plusieurs éléments. Ils soulignent, tout d’abord, l’importance d’un traitement antirétroviral précoce, lorsque le nombre de lymphocytes T CD4+ est encore élevé. En effet, les sarcomes de Kaposi sont surtout survenus chez des personnes qui ignoraient leur séropositivité. Les nouvelles recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui préconisent une prise en charge médicamenteuse dès le diagnostic, devraient permettre d’éviter cela.

    L’autre chiffre qui se démarque, c’est le nombre impressionnant d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes touchés par les cancers d’origine infectieuse.

    Mais selon le directeur du CIRC, Christopher Wild, ces travaux témoigne d’une tendance néanmoins positive : l’efficacité des traitements contre le sida a augmenté l’espérance de vie des personnes séropositives. Et « à mesure que l’espérance de vie des personnes vivant avec le VIH augmente, le cancer devient un problème de plus en plus prégnant », analyse-t-il.

     

    La détection précoce et le traitement de l’infection par le VIH sont donc des points cruciaux pour prévenir les cancers liés aux infections. Par ailleurs, la prise de conscience des risques de cancer liés aux infections chez les séropositifs devra pousser à assurer un accès rapide au diagnostic et au traitement. »

     

     

    http://journals.lww.com/aidsonline/pages/articleviewer.aspx?year=2015&issue=10230&article=00017&type=abstractDe Martel C et al. Cancers attributable to infections among adults with HIV in the United States. AIDS 2015 ;29 :2173-81 doi: 10.1097/QAD.0000000000000808

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