Rhumatologie
Ostéoporose : les probiotiques pourraient limiter la perte osseuse
Le microbiote intestinal participerait à la régulation du statut osseux et serait modifié en cas d’ostéoporose, selon des études publiées lors du dernier congrès mondial de l'ostéoporose.
- Tharakorn /istock
Le microbiote intestinal participerait à la régulation du statut osseux et serait modifié en cas d’ostéoporose. Tels sont les résultats d’études menées chez l’animal et l’homme montrant un lien entre microbiote et santé osseuse, qui ont été présentées lors du Congrès Mondial de l’Ostéoporose, à cracovie fin avril.
L’une d'elles est une étude danoise d’intervention réalisée chez l’homme. Elle porte sur 90 femmes âgées de plus de 70 ans, en bonne santé, mais dont l’os était déjà non pas déjà ostéoporotique, mais ostéopénique. La moitié a reçu un placebo, l’autre un probiotique, c’est à dire un composé bactérien. Les auteurs se sont intéressés à l’évolution de la microstructure et de la densité minérale osseuse (DMO) sur une année.
Résultats : il se produit une diminution de la perte osseuse chez les femmes prenant des probiotiques. "Certes les effets ne sont pas aussi marqués que ceux obtenus, soit avec des hormones, soit avec des composés utilisés dans le traitement de l’ostéoporose, mais c’est déjà quelque chose de très stimulant pour continuer la recherche dans ce domaine", précise le Pr René Rizzoli du Service des Maladies Osseuses aux Hôpitaux Universitaires et Faculté de Médecine de Genève. René Rizzoli est également rédacteur en chef de la revue Calcified Tissue International qui a édité en avril 2018 un numéro spécial sur l'impact du microbiote sur l’os.
Diminution du risque de fracture de 8%
Une étude qui va dans le même sens que d’autres, comme celle des infirmières américaines : elle a porté sur 80 600 femmes suivies pendant 32 ans et montre un risque de fracture de hanche diminué de 8 % par portion de lait (240 ml/jr), de 9 % par portion de formage (28 g) et de moins de 6 % par portion de produits laitiers.
Ou encore une autre étude, toujours chez 2905 femmes d’âge moyen (73,3 ans) et 1405 hommes, dont la densité osseuse est augmentée et le risque d’ostéoporose diminué de 39 à 52% quand une portion de yogourt est régulièrement consommée.
Parce que le lait, et en particulier les yogourts, n’apportent pas que du calcium, du phosphore, du zinc et des protéines qui sont certes nécessaires pour l’os. Pour le Pr Rizzoli, "Certains probiotiques issus des produits laitiers fermentés, les yogourts et les fromages, contiennent des bactéries qui peuvent contribuer à modifier le microbiote intestinal. Et ces probiotiques peuvent aller dans l’os et diminuer la résorption donc la destruction de l’os". Reste à savoir si c’est en prévention ou en curatif… "Des études chez l’animal, poursuit le Pr Rizzoli, montrent que l’on peut prévenir les dégâts osseux survenus après un carence hormonale induite par l’ablation des ovaires en donnant des probiotiques, voire même en donnant des produits provenant de la dégradation des prébiotiques".
Action locale et à distance
De quelle façon, le microbiote intestinal peut-il agir sur l’os ? A la fois localement ou à distance grâce aux molécules et métabolites produites par les 100 000 milliards de bactéries logées dans l’intestin, ce qui lui vaut d’être considéré comme un organe à part entière : il augmente l’absorption des nutriments, synthétisent des vitamines B ou K etc…
Vis-à-vis de l’ostéoporose, il reste à savoir quelle quantité absorber pour améliorer sa santé osseuse. L’étude des infirmières américaines précisait comme on l’a vu plus haut, un risque de fracture de hanche diminué de 8 % par portion de lait (240 ml/jr) , de 9 % par portion de formage (28 g) et de moins 6 % par portion de produits laitiers.
A noter que le mocrobiote intestinal n’est rien d’autre que ce que l’on appellait avant la flore intestinale. Mais ce qui a changé en même temps que son appellation, ce sont les moyens d’investigation : des techniques, comme le séquençage à haut débit du matériel génétique des bactéries, a permis entre autre une meilleure compréhension de sa participation à différentes affections et pas que dans l’intestin. Aujourd’hui, toutes les spécialités de la médecine ne semblent pas y échapper : que ce soit en diabétologie, obésité, pour les maladies de l’intestin ou en dermatologie et maintenant en rhumatologie avec l’ostéoporose, le microbiote a son mot à dire.











