Urologie

Cancer localisé de la prostate : efficacité à 10 ans de la radiothérapie ultra-hypofractionnée

Une cure de radiothérapie en 2 semaines et demi est aussi sûre et efficace qu’un protocole classique de 8 semaines pour le cancer localisé de la prostate. Ce schéma court réduit la durée de traitement sans augmenter la récidive ni la toxicité à long terme.

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  • 11 Mai 2025
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    Le cancer de la prostate, premier cancer masculin dans le monde (1,4 M de nouveaux cas/an), est souvent traité par radiothérapie externe lorsqu’il est localisé. Classiquement, la dose totale d’environ 78 Gy est fractionnée en 39 séances sur 8 semaines, ce qui peut être contraignant pour les patients et staure les centres de radiothérapie. Les progrès technologiques ont permis de précéder de très hautes doses unitaires (ultra-hypofractionnement) en peu de séances.

    Le grand essai de phase III HYPO-RT-PC, randomisant 1 200 hommes à risque intermédiaire/élevé, comparait 42,7 Gy en 7 fractions sur 2,5 semaines versus 78,0 Gy en 39 fractions sur 8 semaines. ASelon les résultats présentés au congrès de l’ESTRO, après 10 ans de suivi, la survie sans échec (absence de récidive tumorale ou de traitement complémentaire) est de 72 % dans le bras court versus 65 % dans le bras standard, la survie globale de 81 % versus 79 % et la mortalité spécifique prostatique de 4 % dans les deux groupes.

    Toxicités urinaires et rectales comparables

    Les composantes individuelles du critère-final principal (infarctus du myocarde, AVC, hospitalisation pour IC) n’étant pas concernées ici, l’étude s’est focalisée sur la toxicité urinaire et rectale. À 10 ans, les symptômes urinaires (irritatifs et obstructifs) et les troubles digestifs (diarrhées, rectorragies) sont comparables et de grade 1–2 dans la grande majorité des cas, sans différence statistique significative.

    La survenue de complications tardives sévères (≥ grade 3) reste inférieure à 5 % dans chaque bras. Les analyses en sous-groupes (âge, volume prostatique, antécédents chirurgical ou comorbidités) confirment l’homogénéité de l’efficacité et de la tolérance, sans signal élargi chez les patients plus âgés (> 75 ans) ou porteurs d’un volume prostatique élevé (> 60 cm³).

    Un essai multicentrique randomisé en ouvert sur 1 200 patients

    HYPO-RT-PC, essai multicentrique suédois randomisé en ouvert, a inclus 1 200 patients entre 2005 et 2015, avec répartition 1 : 1 et stratification sur le niveau de risque (D’Amico intermédiaire vs élevé). Le calcul de taille était basé sur une non-infériorité du bras court avec une marge de 7 % sur la survie sans échec à 5 ans, confirmée à 10 ans.

    La large cohorte et la durée d’observation renforcent la robustesse des conclusions en vie réelle. En dépit de critères d’inclusion classiques (PS ECOG 0–1, volume prostatique < 80 cm³), le profil démographique (âge médian 70 ans, 20 % de comorbidités cardiovasculaires) correspond aux patients habituels de radiothérapie en pratique quotidienne, garantissant une bonne généralisabilité.

    Selon les auteurs, l’ultra-hypofractionnement 42,7 Gy en 7 séances est désormais une option validée pour les patients éligibles, offrant un gain en confort, un allègement des contraintes logistiques et une meilleure utilisation des ressources. Il conviendra d’accompagner son déploiement par des protocoles de surveillance standardisés des toxicités tardives et de poursuivre les études sur l’impact qualité de vie. Les perspectives incluent l’intégration du schéma court dans les recommandations de l’EAU et de la SFRO, l’évaluation de fractions encore plus élevées (mono- ou bi-fractionnements stéréotaxiques) dans des cadres sélectionnés, la combinaison avec une hormonothérapie néoadjuvante optimisée et l’analyse des biomarqueurs (PSA, imagerie métabolique) pour prédire la réponse et adapter les traitements.

    Ces données confirment que radiothérapie de haute précision et ultra-hypofractionnement riment avec efficacité durable et sécurité à long terme pour le cancer de la prostate localisé.

     

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    JDF