Neurologie

Méningiome : même certains progestatifs courants augmenteraient le risque

Une majoration du risque de méningiome intracrânien semble également associée à la prescription de certains progestatifs courants, même lorsqu’ils ne sont pas prescrits à forte dose. Ces résultats sont issus d’une très large étude observationnelle française.

  • Saiful Islam Khan/istock
  • 28 Mar 2024
  • A A

    Les méningiomes sont des tumeurs généralement non cancéreuses situées dans les méninges qui recouvrent le cerveau et la moelle épinière. Les facteurs de risque connus de méningiome intracrânien sont l'âge, le sexe féminin, la neurofibromatose de type 2, l'exposition aux rayonnements ionisants et l'utilisation de progestatifs à forte dose tels que nomegestrol, chlormadinone et acétate de cyprotérone.

    Or on ne dispose pas de données sur l'utilisation prolongée à moins forte dose de progestatifs, largement utilisés dans des pathologies gynécologiques telles que l'endométriose et le syndrome des ovaires polykystiques, ainsi que dans l'hormonothérapie et la contraception de la ménopause.

    Selon une très large étude observationnelle française, publiée dans The BMJ, l'utilisation prolongée de médrogestone (5 mg, par voie orale), d'acétate de médroxyprogestérone (150 mg, par voie injectable) et de promégestone (0,125/0,5 mg, par voie orale) s'est avérée associée à une augmentation du risque de méningiome intracrânien.

    Majoration du risque de certains progestatifs à faible dose mais au long cours

    Après prise en compte des facteurs potentiellement confondant, l'utilisation prolongée (un an ou plus) de la médrogestone serait associée à un risque 4,1 fois plus élevé de méningiome intracrânien nécessitant une intervention chirurgicale. L'utilisation prolongée de l'acétate de médroxyprogestérone injectable serait associée à un risque multiplié par 5,6, et l'utilisation prolongée de la promégestone serait liée à un risque multiplié par 2,7. Il semble qu'il n'y ait pas de risque pour une utilisation de moins d'un an de ces progestatifs.

    Comme on pouvait s'y attendre, il y avait également un risque augmenté de méningiome pour les femmes exposées à l'acétate de chlormadinone, à l'acétate de nomégestrol et à l'acétate de cyprotérone, qui sont tous déjà connus pour faire progresser le risque de méningiome.

    En revanche, les résultats n'ont montré aucun excès de risque de méningiome pour la progestérone, la dydrogestérone ou les dispositifs intra-utérins hormonaux largement utilisés, quelle que soit la dose de lévonorgestrel qu'ils contiennent. Aucune conclusion n'a pu être tirée concernant le diénogest ou l'hydroxyprogestérone, car le nombre de personnes concernées était trop faible.

    Une très large étude observationnelle sur le SNDS

    Pour combler le manque de connaissances sur de nombreux autres progestatifs pour lesquels le risque de méningiome associé à leur utilisation n'a pas été estimé, les chercheurs ont entrepris d'évaluer le risque de méningiome intracrânien nécessitant une intervention chirurgicale chez les femmes, en fonction de l'utilisation de plusieurs progestatifs par différentes voies d'administration. Ils ont utilisé les données du système national de données de santé français (SNDS) pour 18 061 femmes (âge moyen de 58 ans) qui ont subi une intervention chirurgicale pour un méningiome intracrânien entre 2009 et 2018.

    Chaque cas a été apparié à cinq femmes témoins sans méningiome intracrânien (total 90 305) selon l'année de naissance et la région de résidence. Les progestatifs examinés étaient la progestérone, l'hydroxyprogestérone, la dydrogestérone, la médrogestone, l'acétate de médroxyprogestérone, la promegestone, le diénogest et les dispoositifs intra-utérins au lévonorgestrel. Pour chaque progestatif, l'utilisation a été définie comme au moins une prescription dans l'année précédant l'admission à l'hôpital ou dans les 3 à 5 ans pour les systèmes intra-utérins au lévonorgestrel. L'utilisation d'au moins un des trois progestatifs à forte dose connus pour faire progresser le risque de méningiome dans les 3 ans précédant l'admission à l'hôpital a également été enregistrée afin de minimiser les biais.

    La progestérone, la dydrogestérone et les DIU hormonaux pas concernés

    Il s'agit d'une étude observationnelle qui ne permet pas d'établir un lien de cause à effet, et les auteurs reconnaissent que la base de données du SNDS ne contient pas d'informations sur tous les détails cliniques et les indications médicales pour lesquels les progestatifs sont prescrits. Ils n'ont pas non plus été en mesure de prendre en compte des prédispositions génétiques et l'exposition à des doses élevées de radiations.

    Les résultats concernant la progestérone orale, intravaginale et percutanée, ainsi que la dydrogestérone et les systèmes intra-utérins au lévonorgestrel, sont rassurants et confirment l'absence l’augmentation du risque de méningiome associé à leur utilisation.

    Cette étude est la première à évaluer le risque associé aux progestatifs utilisés par des millions de femmes dans le monde et même si la majoration du risque semble faible, le nombre de méningiomes attribuables à cette substance pourrait être élevé et représenter un réel problème de santé publique. D'autres études utilisant d'autres sources de données sont nécessaires de toute urgence pour mieux comprendre ce risque, selon les auteurs.

     

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF