Pneumologie

Effet transcriptomique pulmonaire de la e-cigarette : dès le plus jeune âge

 

L’effet transcriptomique de la e-cigarette, déjà analysé chez des sujets âgés,  a été démontré chez des sujets jeunes, et les résultats sont cohérents avec ce qui avait déjà été montré in vitro. La e-cigarette demeure  un moyen de sevrage tabagique, mais sa durée d’utilisation doit rester la plus courte possible. D’après un entretien avec Olivier LE ROUZIC.

  • 21 Mar 2024
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    Une étude, dont les résultats sont parus en février 2024 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à démontrer l’impact de le e-cigarette sur la fonction pulmonaire  des sujets jeunes. Il s’agit d’une étude canadienne originale qui s’est appuyée sur les données in vitro qui montraient que la consommation de e-cigarette augmentait la production de mucus, provoquait une altération des fonctions ciliaires et aggravait l’inflammation.  C’est une étude prospective pour laquelle les auteurs ont utilisé une cohorte de patients jeunes ayant tous fait un pneumothorax spontané idiopathique au décours du quel le transcriptome de la marge saine du poumon a été analysée. Au total, 20 patients ont été inclus, dont 9  ne fumaient pas, 7 consommaient la e-cigarette  et 4 la cigarette classique. Les fumeurs de cannabis ont été exclus ainsi que les consommateurs de THC.

     

     

    Des résultats cohérents avec les données obtenue in vitro

     

    Le professeur Olivier LE ROUZIC, pneumologue dans le service d’immuno-allergologie du Centre Hospitalier Universitaire de Lille, rappelle que des données sur l’effet transcriptomique pulmonaire de la e-cigarette a déjà été décrit chez des sujets plus âgés mais jamais chez des patients jeunes. Il explique que l’analyse transcriptomique réalisée au cours de cette étude a révélé un impact comparable dans ses aspects de la e-cigarette à celui du tabagisme, avec un enrichissement d’expression des gènes qui altèrent la fonction ciliaire des cellules épithéliales et qui modifient la structure de la matrice extra-cellulaire. Oliver LE ROUZIC souligne que ces résultats sont cohérents avec les données démontrées in vitro, ce qui signifie que la consommation de e-cigarette pourrait avoir un effet comparable au tabagisme classique, dès le plus jeune âge.

     

     

    Quelques limites mais un travail original

     

    Olivier LE ROUZIC précise qu’il s’agit d’un travail orignal, et qui est le premier à s’intéresser aux populations jeunes malgré quelques limites. En effet, les sujets inclus sont tous de sexe masculin et issus d’une population particulièrement sélectionnée, puisque tous atteints initialement d’un pneumothorax spontané idiopathique. De plus, les résultats ne rapportent que les données transcriptomiques  et n’apportent aucune données sur la fonction des protéines codées. Ces observations sont liées à un changement de fonction des cellules.  Olivier LE ROUZIC insiste sur le fait que, cette étude incluant de sujets jeunes, certains n’ont jamais consommé autre chose que la e-cigarette, ce qui rend ces résultats non anodins et incite à ne pas recommander la consommation de e-cigarette à des sujets qui n’ont jamais été exposés au tabagisme.  Ces résultats ne remettent pas en question son utilisation dans le but d’un sevrage tabagique, mais celle-ci doit rester la plus courte possible.

     

     

    En conclusion, l’effet transcriptomique de la e-cigarette est significatif chez les sujets jeunes, et visible même chez les sujets n’ayant jamais consommé autre chose. Ces résultats suggèrent une fois de plus d’utiliser la e-cigarette avec prudence, et de la réserver autant que possible au sevrage tabagique, de courte durée.

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    JDF