Dermatologie

Psoriasis : un lien mieux affirmé avec le risque cardiovasculaire

Le psoriasis est associé à un risque cardiovasculaire majoré et il existe une relation linéaire de cet accroissement du risque avec l’étendue des lésions cutanées et l’ancienneté de la maladie. La surveillance cardiovasculaire de ces patients et la prise en charge des facteurs de risque associés modifiables deviennent indispensables sur le long cours.

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  • 26 Sep 2023
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    Le psoriasis sévère est associé à un risque cardiovasculaire accru, qui peut être indépendant des facteurs de risque cardiovasculaires traditionnels, pourtant largement présents au cours des psoriasis les plus sévères (tabagisme, surpoids…). Le psoriasis est souvent perçu comme une maladie cutanée, mais il s'agit en réalité d'un trouble inflammatoire systémique. Les interactions complexes entre les systèmes immunitaires inné et adaptatif participent à sa pathogenèse. Cette nature inflammatoire fait du psoriasis un sujet d'intérêt dans le contexte du risque cardiovasculaire.

    Dans une vaste étude transversale, parue dans le Journal of Investigative Dermatology, près d'un tiers des patients souffrant de psoriasis sévère répondent aux critères de dysfonctionnement microvasculaire coronarien en échodoppler, ce qui est en faveur d’un lien entre psoriasis et risque cardiovasculaire.

    Une large étude transversale

    Il a été démontré que le dysfonctionnement microvasculaire coronarien (DMC) est associé à un mauvais pronostic cardiovasculaire dans la population générale et chez les patients souffrant de psoriasis. Dans cette étude, une équipe de chercheurs a évalué la prévalence et les facteurs prédictifs du DMC dans une large cohorte de patients souffrant de psoriasis sans maladie cardiovasculaire clinique.

    Au total, 503 patients atteints de psoriasis ont été recrutés et ont eu un échodoppler transthoracique pour évaluer la microcirculation coronaire. Parmi eux, 55 patients ont été exclus des analyses en raison de données manquantes. Sur les 448 patients de cette étude, 31,5% avaient une DMC.

    En analyse de régression multiple, quatre variables sont associées de manière indépendante au DMC : un score PASI (psoriasis area severity index) plus élevé (par unité, OR = 1,058 ; p < 0.001), la durée du psoriasis (par année ; OR = 1,046 ; p < 0.001), la présence de rhumatisme psoriasique (OR = 1,938 ; p = 0.015) et l'hypertension (OR = 2,169 ; p = 0.010).

    Une relation linéaire

    Plusieurs études ont établi un lien entre le psoriasis et des facteurs de risque cardiovasculaire comme l'augmentation de la pression artérielle et des dyslipidémies. Certains traitements pour le psoriasis, tels que l'acitrétine et la ciclosporine A, peuvent également affecter ces facteurs. De plus, des preuves sérieuses associent le psoriasis à une incidence accrue de maladies cardiovasculaires, y compris l'infarctus du myocarde.

    Dans cette étude, un PASI plus élevé, une durée plus longue de la maladie, la présence d’un rhumatisme psoriasique et l'hypertension sont indépendamment associés au DMC. De plus, il existe une relation linéaire avec certains de ces facteurs : l’augmentation d'un point du PASI et d'un an de la durée du psoriasis augmenteraient le risque de DMC de 5,8 % et de 4,6 %, respectivement.

    En pratique

    Dans cette étude, le dysfonctionnement microvasculaire coronarien (DMC) est très nettement et linéairement associé à la sévérité et à la durée du psoriasis. Cela confirme l’impact de l'inflammation systémique sur le dysfonctionnement microvasculaire coronarien et suggère que la microcirculation coronaire peut représenter un site extra-cutané impliqué dans la lésion à médiation immunitaire du psoriasis qui devrait être surveillé chez les patients souffrant de psoriasis sévère.

    Étant donné la nature systémique du psoriasis et son association avec les risques cardiovasculaires, une approche multidisciplinaire pour le suivi des patients est essentielle. Une évaluation régulière des facteurs de risque cardiovasculaire et une prise en charge précoce des facteurs de risque associés et modifiables peuvent être bénéfiques pour optimiser la gestion de la maladie et minimiser les risques cardiovasculaires.

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    JDF