Suivi de 164 000 fumeurs
Sevrage tabagique : la varénicline n'augmente pas le risque de dépression
Ce traitement utilisé dans le sevrage tabagique ne serait pas lié à la dépression et aux pensées suicidaires. Il n'augmenterait pas non plus les risques de maladies cardiaques.
Le Champix (varénicline), médicament prescrit dans le sevrage tabagique, n’augmenterait pas le risque de maladies cardiovasculaires et de dépression, selon une étude parue ce dimanche dans The Lancet Respiratory Medicine.
Uniquement délivré sur ordonnance, le Champix semblait entraîner des effets indésirables graves, en particulier psychiatriques (dépression, irritabilité, pensées suicidaires) et cardiovasculaires. Face aux dangers potentiels, la Haute Autorité de Santé (HAS) avait décidé son déremboursement en 2011 et avait précisé qu’il ne devait être utilisé qu'en seconde intention, après échec des traitements nicotiniques de substitution.
Pourtant, ce médicament qui agit comme la nicotine sans provoquer la sensation de plaisir s’avère être le traitement le plus efficace pour arrêter de fumer, soulignent les chercheurs des universités d’Edimbourg (Ecosse) et de Düsseldorf (Allemagne).
Plus de 160 000 patients suivis
L’équipe de chercheurs a analysé les données de santé anonymes de plus de 164 000 fumeurs âgés de 18 à 100 ans à travers toute l’Angleterre. Certains de ces patients prenaient de la varénicline ou un autre traitement appelé Zyban (bupropion) alors que d’autres utilisaient des substituts nicotiniques (patchs, gommes à mâcher ou pastilles).
Au cours des six mois de suivi, les chercheurs ont noté que les patients sous traitement médicamenteux n’étaient pas plus enclins à souffrir d’une crise cardiaque que ceux utilisant des substituts nicotiniques. Ils ne présentaient pas plus de risques de dépression ou d’automutilation.
Prescrire plus largement
« Les fumeurs perdent environ 3 mois d’espérance de vie chaque année. Notre étude soutient l’utilisation de la varéniciline comme méthode efficace et sûre pour aider les personnes à arrêter le tabac », affirme le Pr Daniel Kotz, de la faculté de médecine de Düsseldorf et auteur de l’étude.
Confiants dans leurs résultats, qui confirment ceux publiés en mars dernier dans le British Medical Journal, les chercheurs appellent les autorités sanitaires comme l’Agence du médicament américaine ou la HAS en France à revoir leurs décisions. Ils suggèrent également aux médecins de prescrire plus largement ce traitement médicamenteux.