Rechute
Dépression : malgré la guérison, le cerveau conserve une sensibilité aux signaux négatifs
Même après une amélioration des symptômes dépressifs, les patients peuvent continuer à éprouver des difficultés à réguler leurs réactions face à une éventuelle expérience négative.

- Par Geneviève Andrianaly
- Commenting
- Moment Makers Group/iStock
Jusqu'à 80 % des personnes atteintes de dépression présentent une récidive des symptômes dans les cinq ans. Dans une nouvelle recherche, publiée dans la revue Biological Psychiatry : Cognitive Neuroscience and Neuroimaging, des chercheurs du Centre médical universitaire Radboud (Pays-Bas) ont tenté de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents qui contribuent à la vulnérabilité d'un patient à la rechute. Afin de mener à bien l’étude, les auteurs ont analysé les données d'IRM fonctionnelle de 36 adultes souffrant de dépression récurrente et de 27 personnes en bonne santé.
L'habenula, une zone cérébrale traitant les expériences négatives
L’objectif ? Évaluer l'activité cérébrale lors d'une tâche d'apprentissage dite aversive. Il s’agit d’"un type de conditionnement pavlovien classique où une personne apprend à éviter un stimulus ou un comportement en l'associant à une issue désagréable." Lors de l’intervention, les participants ont appris des associations entre une image et un goût amer désagréable. En examinant les scanners, l’équipe s’est concentrée sur l'habenula, une petite région du cerveau impliquée dans le traitement des expériences négatives, pour déterminer si les anomalies de ce système persistent même après la guérison des symptômes dépressifs.
Dépression : des processus cérébraux continus rendent les patients vulnérables à de futurs épisodes
Selon les résultats, les volontaires guéris d’un trouble dépressif présentaient une activité accrue de l'habenula, notamment en prévision d'une issue désagréable. Ces derniers avaient une connectivité réduite entre l'habenula et l'aire tegmentale ventrale, un noyau important du mésencéphale responsable de la production de dopamine (un neurotransmetteur lié à la récompense) et une zone supposée régulée par l'activité de l'habenula. Ces schémas suggèrent une sensibilité accrue aux signaux négatifs et une capacité réduite à réguler les réponses à une punition potentielle, même après la disparition des symptômes.
"Comprendre ces effets persistants pourrait permettre de mieux identifier les personnes à risque et de développer des interventions plus ciblées pour améliorer le rétablissement à long terme et prévenir de futurs épisodes dépressifs."