Psychiatrie
Santé mentale : que prévoit le plan du gouvernement ?
Les autorités ont dévoilé une série de mesures visant à améliorer la prise en charge des troubles psychiques. Au programme, repérer précocement les jeunes atteints de ces troubles et renforcer la formation en psychiatrie.

- Par Stanislas Deve
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Anxiété, dépression, addiction, trouble du comportement alimentaire... Près d'un Français sur trois est concerné par des troubles de la santé mentale, selon les estimations. Face à une crise de la psychiatrie décriée de toutes parts, le gouvernement a dévoilé, mercredi 11 juin, une trentaine de mesures pour améliorer la prise en charge des troubles psychiques et redonner de l’attractivité à une discipline en souffrance. Que prévoit ce nouveau plan annoncé pour mi-2025 ?
Repérer précocement les troubles de santé mentale
Annoncé par le ministre chargé de la Santé, Yannick Neuder, le plan arrive dans un contexte tendu : l’année 2025 est celle de la grande cause nationale pour la santé mentale, mais est aussi marquée par un fait divers tragique – le meurtre d’une surveillante de collège par un élève de 14 ans – qui a relancé le débat sur le repérage des troubles psychiques chez les jeunes. Selon Neuder, ce plan se veut le "point de départ d'un engagement durable", ajoutant que la grande cause nationale ne sera "pas qu'un slogan". L’un des principaux axes du plan vise les 12-25 ans, avec la formation de "deux adultes repères" par établissement scolaire et le déploiement d’un "modèle national" pour repérer et intervenir précocement. Objectif : former 100% des personnels de santé scolaire. Mais sur le terrain, les doutes persistent. "Sans moyens financiers on ne voit pas bien comment ça peut fonctionner", a déclaré à l'AFP Catherine Nave-Bekhti (CFDT Education), alors qu'"on manque cruellement d’infirmières, de médecins et de psychologues scolaires, d’assistantes sociales". Le second volet entend créer une offre de soins de proximité plus lisible et accessible : rendez-vous non programmés, dispositifs de suivi intensif, renforcement de la régulation des urgences psychiatriques. L’objectif est aussi de doubler le nombre de secouristes en santé mentale d’ici 2027 (pour arriver à 300.000) et de porter à 12.000 le nombre de psychologues conventionnés dans le dispositif Mon Soutien Psy d’ici à 2027 (contre 6.000 aujourd’hui). Le troisième axe mise sur la formation : module de psychiatrie avancée pour tous les étudiants en médecine, augmentation du nombre d’internes en psychiatrie de 500 à 600 par an dès 2027, ou encore réflexion sur les conditions de travail en psychiatrie. Reste que pour de nombreux professionnels, ce plan gouvernemental manque largement d’ambition. "Ce ne sont que des mesurettes. On ne peut pas rattraper dix ans d’atermoiements", déplore Jean-Pierre Salvarelli, du syndicat des psychiatres hospitaliers. "Il y a des grandes lignes, mais il manque des éléments financiers majeurs, un échéancier et quantité de mesures: il n'y a rien sur la prévention, le repérage précoce, la recherche et la question des jeunes qui revient régulièrement", renchérit la psychiatre Rachel Bocher.Des réformes jugées insuffisantes