Oncologie
Comment un traitement expérimental l’a sauvé d’un cancer de la vessie métastatique
Craig Smith, un agriculteur américain atteint d’un cancer de la vessie métastatique, a bénéficié d’un traitement expérimental combinant chimiothérapie, immunothérapie et chirurgie. Il est en rémission depuis près de deux ans.

- Par Stanislas Deve
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En septembre 2023, alors que la récolte du soja battait son plein à Mankato, Minnesota, Craig Smith ressent une sensation de brûlure en urinant. Il consulte rapidement son médecin de famille, mais les antibiotiques ne suffisent pas. Lorsque du sang apparaît dans ses urines, sa femme l’emmène d’urgence à la Mayo Clinic de Rochester. Le diagnostic tombe : cancer urothélial métastatique, avec atteinte de la colonne vertébrale.
Un cancer de la vessie supposé incurable
Craig Smith a alors 66 ans. Cet ancien professeur de soudure et exploitant agricole d’un terrain de 2.000 hectares se voit offrir un choix : tenter de maintenir sa santé pendant quelques années ou tout faire pour guérir son cancer. Il décide de suspendre ses activités pour suivre un traitement intensif : chimiothérapie, radiothérapie et immunothérapie. "J’ai dit : 'Je veux que vous le guérissiez'", se souvient-il dans un article publié par The Mayo Clinic News Network.
En général, un cancer de la vessie métastatique est considéré comme incurable. Mais la réponse positive de Smith aux traitements incite les médecins à tenter une approche chirurgicale inédite. Le sexagénaire subit alors l’ablation de sa vessie, de la prostate et de 36 ganglions lymphatiques. "Dans la vessie de M. Smith, nous avons trouvé des cellules cancéreuses viables qui auraient entraîné une rechute. Aujourd’hui, il est en rémission depuis près de deux ans", explique le Dr Paras Shah.
Une approche chirurgicale inédite
Cette intervention a été rendue possible grâce aux progrès de l’immunothérapie, qui stimule les défenses naturelles du patient pour cibler les cellules tumorales, et à l'identification de biomarqueurs dans le sang et les urines permettant de mieux sélectionner les patients susceptibles de bénéficier d'une chirurgie. Le protocole de soins mis en place pour Craig Smith a ainsi combiné des traitements systémiques visant tout le corps à des traitements localisés, ouvrant la voie à une médecine personnalisée plus agressive mais potentiellement curative.
Son cas a ouvert la voie à un nouvel essai clinique au sein de la Mayo Clinic. Dix-sept patients sont déjà inclus. "Il faut des patients courageux comme M. Smith. Ils espèrent guérir, mais aussi aider les autres", souligne le Dr Jacob Orme. L’objectif : combiner plusieurs approches, des traitements "de la tête aux pieds" et d’autres ciblant directement la tumeur. "On veut arracher la racine après avoir brûlé les feuilles", compare le Dr Orme.
L'étude, soutenue par des dons, vise à accélérer les essais pour offrir de nouvelles chances aux patients. "Notre seul objectif est d’aider les patients à vivre mieux et plus longtemps", conclut le Dr Orme.