Rhume des foins
Pollens : un "bouclier moléculaire" dans le nez pour éviter les allergies
Des chercheurs ont mis au point un anticorps monoclonal qui évite les allergies au pollen lorsqu’il est appliqué à l'intérieur du nez.

- Par Sophie Raffin
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Bonne nouvelle pour les quatre Européens sur 10 se mettent à éternuer, renifler et à avoir les yeux larmoyant pendant la saison des pollens. Des chercheurs ont développé un anticorps monoclonal capable de lutter contre le rhume des foins. La particularité de ce nouveau traitement ? Il s'applique directement dans le nez.
Allergie au pollen : l'anticorps monoclonal neutralise l'allergène
La désensibilisation (ou immunothérapie allergénique) est l’un des traitements contre les allergies les plus utilisées, mais il n’est pas efficace chez tous les patients. Il est alors possible de se tourner vers les anticorps de classe IgG qui ont notamment la capacité de reconnaître l'allergène et de le bloquer ou encore d’empêcher les anticorps IgE (impliqués des réactions allergiques, NDLR) d'agir. Toutefois, l’administration de ce traitement passe par une injection dans la circulation sanguine. Pour faciliter la prise en charge, les chercheurs ont tenté de trouver une nouvelle façon de donner le remède. Et, ils y sont parvenus. Ils ont développé un anticorps monoclonal pouvant bloquer l’allergène du pollen de l’armoise qui s’applique directement dans le nez.
"Notre méthode agit immédiatement et localement sur la muqueuse nasale, en neutralisant l'allergène au contact. Ce « bouclier moléculaire » empêche non seulement l'activation des anticorps IgE, mais peut également réduire l'inflammation par d'autres mécanismes, comme l'apaisement des réponses immunitaires et la promotion des voies de régulation", explique Pr Kaissar Tabynov, directeur de l’International Center for Vaccinology at the Kazakh National Agrarian Research University (Kazakhstan) et auteur principal de l'étude, publiée dans la revue Frontiers in Immunology, le 11 juillet 2025.Rhinite allergique : un traitement nasal prometteur
Pour tester l’efficacité du traitement, l’équipe a administré son anticorps monoclonal à l'intérieur du nez de cinq souris, stimulées pour devenir allergiques au pollen d'armoise. Cinq autres rongeurs ont servi de témoins positifs : elles avaient été sensibilisées de la même manière, mais avaient reçu un placebo. Cinq autres ont servi de témoins négatifs. Elles ne souffraient pas de rhinite allergique et n'ont pas eu la nouvelle substance. Trois semaines plus tard, tous ces animaux ont été exposés aux pollens d'armoise.
Résultats : les souris ayant reçu par voie nasale l’anticorps monoclonal présentaient une réduction importante des symptômes d'allergie par rapport aux autres. "Par exemple, elles présentaient une réaction de gonflement des oreilles plus faible au pollen (une réaction allergique fréquente chez les rongeurs) ; elles se frottaient le nez moins fréquemment, indiquant une irritation moindre des voies respiratoires supérieures ; leur capacité pulmonaire était préservée après exposition au pollen ; et elles présentaient moins d'inflammation à l'intérieur des narines. À l'intérieur des poumons, les niveaux de deux molécules favorisant l'inflammation, les cytokines, étaient également réduits", précisent les auteurs dans leur communiqué.
Si les essais ont été très encourageants, les chercheurs indiquent qu’il y a encore beaucoup de travail avant de voir leur médicament sur le marché. "Avant que ce traitement puisse être testé sur des personnes, nous devons adapter l'anticorps pour le rendre adapté aux humains – un processus appelé « humanisation » – et mener des études précliniques supplémentaires sur la sécurité et l'efficacité", explique Pr Tabynov qui table sur un lancement d'ici 5 à 7 ans si tout se passe bien.