Onco-sein

Cancer du sein : y a-t-il une place pour l’homéopathie dans les soins de support ?

L’amélioration de la qualité de vie des patients est un domaine d’étude important. Pour diminuer les effets secondaires des traitements du cancer du sein, de nombreuses patientes se tournent vers l’homéopathie. L’intérêt de cette démarche est en cours d’évaluation.

  • LuCaAr/istock
  • 30 Nov 2022
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    Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent de la femme avec 2,3 millions de nouveaux cas en 2020. L’amélioration du pronostic sur les dernières années a permis de renforcer l’attention portée sur les effets secondaires des traitements et la qualité de vie des patientes. 

    De plus en plus de patientes (environ 35,4 %) font appel aux traitements complémentaires pour la gestion des effets secondaires induits par les traitements spécifiques, l'homéopathie étant l’une des thérapeutiques couramment utilisées. Dans le cancer du sein on estime entre 12 à 19%, les patientes qui entreprennent un traitement par homéopathie. 

    Ces thérapies sont encore peu intégrées dans les prises en charge de médecine conventionnelle du fait du manque d’étude et de données sur l’impact de ces traitements complémentaires. 

    1ère large étude de cohorte sur l’utilisation de l’homéopathie

    Cette étude de cohorte rétrospective est issue de l’extraction des données de 98 009 patients opérés pour un cancer du sein non métastatique entre 2012 et 2013 via le système national des données de santé (avant le déremboursement de l’homéopathie). Parmi ces patientes, 32% ont eu une chimiothérapie, 82% une radiothérapie et 71% une hormonothérapie. 

    De 1 an à 7 mois avant la chirurgie, l’homéopathie est utilisée chez 11 % des patients, avec une augmentation à 26% les 6 mois précédant la chirurgie. Après la chirurgie et jusqu’à 6 mois, ce taux est à 22%. La consommation diminue ensuite avec 18% des patients consommant de l’homéopathie entre 7 et 12 mois post-op et 15% dans les 4 ans suivant. La consommation prédomine chez les femmes jeunes, de milieux favorisés, sans ATCD médicaux, avec des cancers de stade précoce avec traitement conservateur. 

    L’homéopathie associée à une réduction de la consommation d’autres traitements

    Au cours des six mois suivants la chirurgie, 95% des patientes ont consommé des traitements pour pallier les effets secondaires des traitements spécifiques anti-cancéreux, avec pour 75% plus de 3 dispensations puis diminution à 79% entre 7 et 12 mois post-op et stabilisation à 75% durant le reste du suivi. 

    Il existe une réduction significative de 12% de la dispensation de traitement médicamenteux chez les personnes ayant bénéficié de plus de 3 dispensations d’homéopathie (IC 95 %, 0,87 – 0,89) dans les 6 mois suivant la chirurgie, en particulier des traitements immunostimulant – corticoïde – antidiarrhéique. Réduction également significative de 6% sur la période 6 mois - 1 ans post-op, prédominant sur les classes antiémétique – corticostéroïde – immunostimulant. 

    La consommation de traitement anxiolytique ou anti dépresseur est présente chez 49 % dans les 6 mois suivant la chirurgie puis diminue à 36 % après 43 mois, sans différence suivant la consommation ou non d’homéopathie. 

    Les auteurs ont étudié le nombre de jours de congé maladie pris par les patientes de leur cohorte. Au cours de la première année post-op, 64% des patientes ont pris au moins un jour de congé maladie. Cette proportion diminue à 41% au cours de la seconde année post-op, à 28% au cours de la troisième année post-op et à 19% par la suite. Au cours du premier semestre post-op, il n’y a pas de différence du nombre de jours de congé maladie pris par les femmes ayant consommé de l’homéopathie ou non. En revanche, au cours du second et du troisième semestre post-op, les femmes ayant consommé de l’homéopathie ont pris significativement plus de jours de congé maladie que celles n’en n’ayant pas consommé.

    Un bénéfice possible sur la qualité de vie

    Ces résultats peuvent témoigner d’un effet favorable de l’homéopathie qui est associée à la réduction de la consommation des traitements médicamenteux aidant à la gestion des effets secondaires et donc possiblement en une amélioration de la qualité des patients dans l’année suivant la chirurgie d’un cancer du sein, mais association n’est pas causalité, d’autant que la quantité d’arrêt de travail augmentent chez celles qui ont pris de l’homéopathie.

    Il s’agit de la 1ère étude évaluant la qualité de vie des patients basée sur l'exploitation de la base de données nationale des soins de santé, permettant d’obtenir une très large cohorte de patients. Les limites restent l’absence d’information sur le type, la fonction et la quantité délivré d’homéopathie ainsi que sur l’observance. Pas de données non plus sur les autres soins de support non remboursés.

    D'autres études versus placebo sont nécessaires pour étayer ces résultats afin d’améliorer l’intégration de certaines thérapies complémentaires dans les soins de support.

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    JDF