Infectiologie
Covid-19 : certaines personnes vaccinées font des formes graves
Un déficit immunitaire serait en cause lorsque des personnes correctement vaccinées contre la Covid-19, avec des taux normaux d'anticorps neutralisants, font néanmoins une forme grave de la maladie avec hypoxémie.
- Ridofranz/iStock
Ce sont des cas très rares mais qui posent question : les formes hypoxémiantes graves de la Covid-19 qui surviennent chez des personnes vaccinées avec une réponse anticorps normale.
En effet, certaines personnes développent des formes graves de Covid-19 malgré une vaccination à deux doses parce qu'elle sont immunodéprimées et n'ont pas de production normale d’anticorps contre le SARS-CoV-2, mais d'autres, sans déficit immunitaire B connu et avec une réponse vaccinale normale, font quand même des formes graves.
48 cas de formes graves chez les vaccinés
Cette problématique a fait l’objet d’une revue internationale, pilotée par une équipe française de chercheurs, et publiée en juin dernier dans la revue Science Immunology.
Pour leurs travaux, les chercheurs se sont penchés sur 48 cas de formes graves de la maladie développées par 34 hommes et 14 femmes, âgés de 20 à 86 ans, pourtant tous vaccinés contre le virus, et infectés par le variant Delta de la Covid-19. Tous avaient été admis en soins intensifs après leur infection.
Auto-anticorps
L’objectif premier était de s'assurer que le vaccin avait correctement fonctionné chez ces patients. Or, chez six patients, la vaccination n'avait pas permis de produire d'anticorps neutralisants à un taux suffisant, soit parce qu’ils prenaient des traitements immunosuppresseurs, soit parce qu’ils étaient infectés par le VIH ou qu’ils étaient traités pour lymphome. Ceux-ci ont donc été écartés de cette étude.
Concernant les 42 patients restants, qui avaient des anticorps à un taux normal en réponse à la vaccination, et pas de déficit immunitaire connu, les chercheurs ont constaté la présence d'auto-anticorps qui attaqueraient certaines molécules de notre système immunitaire essentielles lors de la 1ère phase de lutte contre les virus (immunité innée) : les "interférons de type 1" (IFN-1). En effet, chez 10 des 42 patients, ces "auto-anticorps" - présents dans leur organisme bien avant qu'ils ne soient infectés par le virus - empêchent les IFN-1 d'agir correctement.
Ligne de défense
"À cause de ces auto-anticorps, ces patients ne peuvent opposer au SARS-CoV-2 une 1ère ligne de défense rapide via les interférons, explique Paul Bastard, l'un des signataires de l'étude, au Monde. Cette première défense faisant défaut, le virus se multiplie trop vite. Les anticorps anti-Covid-19 induits par la vaccination arrivent trop tard : ils ne parviennent pas à neutraliser le virus."
Paul Bastard estime qu'il serait utile de traquer ces "auto-anticorps" chez les personnes immunodéprimées. "Le pourcentage de personnes avec ces auto-anticorps augmente beaucoup avec l’âge : inférieur à 1% chez les moins de 65 ans, il dépasse 4% chez les 80-85 ans", conclut le chercheur.











