Cardiologie
Risque cardiovasculaire : la carence en vitamine D est un vrai facteur de risque
Une carence en vitamine D peut augmenter le risque de maladies cardiovasculaires dont le fardeau à l'échelle d’une population pourrait être réduit en la corrigeant par un apport en vitamine D.
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Une insuffisance ou un déficit en vitamine D est classiquement associé à dans la littérature un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires, mais on ne connait exactement le nature du lien qui existe entre les 2.
Dans la première analyse de randomisation mendélienne non linéaire sur cette association, des chercheurs de l'Australian Centre for Precision Health de l'UniSA à SAHMRI ont mis en évidence les preuves génétiques du rôle d’une carence en vitamine D dans l'apparition des maladies cardiovasculaires.
Une carence à risque
L'étude, qui est publiée aujourd'hui dans le European Heart Journal, montre que les personnes qui ont une carence en vitamine D seraient plus susceptibles de souffrir de maladies cardiaques et d'une hypertension artérielle que celles qui ont des taux sériques normaux de vitamine D.
Chez les participants qui ont les concentrations sériques en vitamine D les plus basses, le risque de maladie cardiovasculaire serait doublé par rapport à celui observé chez les personnes qui ont des concentrations suffisantes de vitamine D dans le sang.
Ne pas laisser les personnes sans vitamine D
Il n'est pas éthique de recruter des personnes avec une carence en vitamine D pour un essai contrôlé randomisé et de les laisser sans traitement pendant de longues périodes.
Pour contourner ce problème, cette étude mendélienne à grande échelle a utilisé une nouvelle approche génétique qui a permis à l'équipe d'évaluer comment les taux de vitamine D peuvent affecter le risque de maladie cardiovasculaire.
Performance de la randomisation mendélienne
L'analyse de randomisation mendélienne non linéaire a été menée sur la UK Biobank avec 44 519 cas de maladies cardiovasculaires et 251 269 témoins. La pression artérielle et les phénotypes en imagerie cardiaque ont été inclus comme critères secondaires. La concentration sérique de 25(OH)D a été évaluée à l'aide de 35 variants significatifs confirmés à l'échelle du génome.
La randomisation mendélienne est une méthode qui utilise la génétique pour, à partir d’une étude observationnelle, essayer de faire des inférences de causalité entre la génétique et une maladie. L'étude a donc utilisé au final des informations provenant de 267 980 personnes, ce qui permet de fournir des preuves statistiques solides du lien entre la carence en vitamine D et les maladies cardiovasculaires.
Une relation liée à la carence
Une association en forme de L a été observée entre la concentration sérique de 25(OH)D prédite génétiquement et le risque cardiovasculaire (Pnon-Linéaire = 0,007). Le risque cardiovasculaire diminue fortement initialement, avec l'augmentation des concentrations de vitamine D, et se stabilise aux alentours de 50 nmol/L.
Une association similaire est observée pour la pression artérielle systolique (Pnon-Linéaire = 0,03) et diastolique (Pnon-Linéaire = 0,07). Aucune preuve d'association n’est observée pour les phénotypes d'imagerie cardiaque (p = 0,05 pour tous).
Les chercheurs prédisent que la correction d’un taux initial de 25(OH)D sérique inférieur à 50 nmol/L entraînerait une réduction de 4,4% de l'incidence des maladies cardiovasculaires dans la population générale (IC à 95% : 1,8-7,3%).
Une approche visant à éradiquer la carence en vitamine D à l'échelle d’une population pourrait donc réduire significativement le fardeau des maladies cardiovasculaires.











