Infectiologie
Vaccination Covid : baisse des anticorps mais protection contre les hospitalisations
La protection contre les infections à SARS-CoV-2 par les vaccins à ARNm semblent baisser au fil du temps, mais également avec l’émergence de variants plus contagieux et le relâchement des comportements. L’essentiel est que la protection contre les infections graves et les hospitalisations persiste chez les personnes non-immunodéprimées.
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En dépit d’une excellente efficacité de la vaccination à ARNm dans les pays développés où la couverture vaccinale est bonne, l'incidence des infections symptomatiques par le SARS-CoV-2 est en augmentation chez les personnes vaccinées au cours de cette 4ème vague, parallèlement à l’émergence du variant Delta. Par contre, les hospitalisations et les décès ne remontent pas dans les pays où le taux de vaccination est le plus élevé.
La question se pose donc de la responsabilité d’une baisse secondaire de la protection vaccinale anti-Covid, de celle de la contagiosité des variants ou de celle du relâchement des comportements de distanciation.
Deux études en vie réelle, publiées dans le New England Journal of Medicine, semblent confirmer que la protection immunitaire offerte par deux doses du vaccin anti-Covid-19 de Pfizer pourrait diminuer au bout de quelques mois, même si la protection contre les maladies graves, les hospitalisations et les décès reste très bonne.
Une étude de suivi des anticorps
Une étude de cohorte longitudinale prospective portant sur 4 800 travailleurs de la santé au Sheba Medical Center, en Israël, montre que 6 mois après deux doses de vaccin Pfizer, les niveaux d'anticorps diminuent, en particulier chez les hommes, les personnes âgées de 65 ans ou plus et les personnes immunodéprimées.
Les taux sériques d'anticorps neutralisants sont généralement corrélés avec la protection contre une infection virale très contagieuse, comme la rougeole : on y observe une légère diminution chaque année des niveaux d'anticorps neutralisants (5 à 10%). Dans cette étude, les chercheurs israéliens n'ont étudié que les taux d'anticorps mais ils constatent qu'une diminution significative et rapide de la réponse humorale au vaccin Pfizer-BioNTech serait observée dès les 2 mois suivant la vaccination.
L'étude indique également que l'immunité des personnes qui se font vacciner après une infection naturelle par le Covid-19 durerait plus longtemps, au moins en termes de taux d’anticorps. Elle est ainsi particulièrement forte chez les personnes qui se sont remises de l'infection puis se sont fait vacciner ensuite. C’est une raison supplémentaire pour penser que la réponse humorale à long terme au vaccin chez les personnes précédemment infectées serait supérieure à celles des personnes n’ayant reçu que le vaccin.
Une étude de protection
Une deuxième étude, réalisée au Qatar, a examiné les infections réelles au sein de sa population qui est largement vaccinée par le vaccin de Pfizer-BioNTech. La protection contre l'infection induite par ce vaccin à ARNm se développe rapidement après la première dose, pour atteindre un pic au cours du premier mois suivant la deuxième dose, puis elle s'estompe progressivement au cours des mois suivants parallèlement à l’apparition des variants Alpha et Delta.
Ce déclin semblerait s'accélérer après le quatrième mois, pour atteindre un faible niveau d'environ 20% au cours des mois suivants. Néanmoins, la protection contre l'hospitalisation et le décès est restée supérieure à 90% tout au long de l’étude qui a duré 6 mois.
Selon les auteurs, la diminution de la protection peut être liée au vaccin, mais aussi à l’apparition de variants plus contagieux ou au comportement des habitants, avec un taux de contacts sociaux plus élevé chez les personnes vaccinées que chez les personnes non vaccinées. Une réduction des mesures de protection pourrait réduire l'efficacité du vaccin dans le monde réel par rapport à son efficacité biologique, en particulier en cas d’émergence de variants plus contagieux.
Garder les mesures de distanciation
Pfizer a fait valoir que l'immunité conférée par les deux premières doses de son vaccin commencerait à s'estomper au bout de quelques mois et a obtenu de la Food and Drug Administration américaine l'autorisation d'administrer une 3ème dose six mois après les deux premières doses.
Les CDC américains, l’Agence Européenne et la HAS recommandent que les personnes âgées de plus de 65 ans, celles souffrant de comorbidités les rendant susceptibles d’avoir une forme grave de la Covid-19, et les personnes ayant un risque élevé de contamination, comme les travailleurs de la santé, reçoivent cette 3ème dose.
Ces résultats suggèrent qu'une grande partie de la population vaccinée pourrait perdre sa protection contre l'infection dans les mois à venir, augmentant éventuellement le risque de nouvelles vagues épidémiques.
En tout cas, ces études confirment que même les personnes entièrement vaccinées doivent continuer à se protéger contre les infections par le port du masque, le lavage des mains et les mesures de distanciation, au moins tant que la circulation du virus reste forte.











