Infectiologie

Covid-19 : un tiers de décès n’auraient pas été comptabilisés

Faut-il ajouter au décompte des morts directement liés à la Covid-19, un tiers de décès en plus indirectement imputables à la maladie virale ? C’est ce que suggère une analyse menée aux Etats-Unis sur la période de mars à aout 2020, pourtant déjà marquée par un excès de mortalité de 20%.

  • Ridofranz/istock
  • 16 Octobre 2020
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    Difficile de toujours savoir exactement la cause d’un décès et le décompte des morts attribuées à la Covid-19 n’échappe pas à cette règle. Les sources sont variées, la cause du décès n’est pas toujours clairement spécifiée et, selon les Etats et les juridictions, il peut y avoir jusqu’à 8 semaines de décalage entre le décès et son ajout dans les décomptes. De ce fait, les chiffres avancés par les uns et les autres ne reflètent sans doute pas la réalité.

    Un premier travail, portant sur les deux premiers mois de l’épidémie (mars et avril) avait déjà montré que seuls 65% des décès excédentaires rapportés aux Etats-Unis avaient été attribués directement à la Covid-19. Une nouvelle analyse confirme cette observation sur une période plus large, de mars à juillet 2020. Dans une lettre au JAMA, Steven Woolf et son équipe estiment en effet que jusqu’à un tiers des décès en excès pourraient être indirectement liés à la maladie virale.  

    Une mortalité totale qui s’est accrue de 20%

    Le nombre de décès annuels aux Etats-Unis est habituellement remarquablement stable. En se référant aux données colligées de 2014 à 2020 par le NCHS (National center for health statistics), la période du 1er mars au 1er août 2020 a été marquée par un excès de mortalité de 20%.

    Sur les 225 530 décès en excès, seuls 150 541, soit 67%, ont été attribués à la Covid-19. Un tiers ont été rattachés à d’autres causes, mais ils sont survenus de façon parallèle à l’évolution géographique et temporelle de l’épidémie.

    Excès de décès cardiovasculaires

    Parmi ce tiers des décès en excès non directement attribués à la maladie virale, les auteurs rapportent une augmentation des décès d’origine cardiovasculaire, qui ont été multipliés par un facteur 5 entre le 21 mars et le 11 avril 2020, et des décès attribués à une maladie d’Alzheimer, qui ont connu 2 pics.

    L’un entre le 21 mars et le 11 avril (décès multipliés par 7,3) et entre le 6 juin et le 25 juillet, période correspondant à la flambée de l’épidémie dans les états de la « ceinture du soleil » (décès 1,5 fois plus fréquents).  

    Désorganisation des soins et peur de consulter

    Dans un éditorial, Harvey Fineberg cite en exemple de décès indirectement lié à la Covid-19 le cas de patients décédés alors qu’ils avaient eu un AIT ou des signes évocateurs d’un accident vasculaire cérébral et qui ne sont pas allés à l’hôpital de peur de contracter l’infection.

    Ils sont certes morts d’un AVC, mais ils ne seraient peut-être pas décédés s’il n’y avait pas eu l’épidémie de COVID-19.  

    Le vrai fardeau de la Covid-19 sous-estimé

    Tous les jours, des universitaires, relayés par les media, rapportent leurs lots de chiffres, nouveaux cas, nouvelles hospitalisations, nouveaux décès liés à la Covid-19.

    Des chiffres qui sont très probablement faux et largement sous-estimés, estime Harvey Fineberg, mais qui devraient encore augmenter dans les semaines et les mois qui viennent. Avec une possible difficulté de plus due au télescopage de l’épidémie de grippe hivernale et de l’épidémie de Covid-19.    

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