Infectiologie
Covid-19 : un simple surpoids double le risque de formes graves
Les obèses sont à risque d’avoir une forme grave de la Covid-19 s'ils sont infectés par le nouveau coronavirus, mais un excès de poids, même modéré, pourrait encore plus augmenter ce risque. Une proportion beaucoup plus large de la population serait donc concernée par le risque de développer une forme grave de la Covid-19.
- Nastco/istock
Les médecins ont observé dès le début de la pandémie que l'excès de poids semblait constituer un risque de forme pulmonaire grave pour les malades infectés par le SARS-CoV-2. Mais comme l'obésité s'accompagne souvent d'autres pathologies (diabète, HTA…), la part de risque lié à l'excès de graisse restait difficile à déterminer.
Dans une étude analysant les résultats de plus de 504 patients hospitalisés en mars et avril à l'université des sciences de la santé de Downstate, à Brooklyn, 43% étaient obèses, 30% en surpoids et 27% de poids normal. Après ajustement sur l'âge, le sexe, un éventuel diabète et d'autres facteurs de risque comme l’hypertension, les chercheurs ont constaté que les personnes en surpoids ou obèses courent un risque accru de devoir recourir à une assistance mécanique respiratoire et qu'ils sont plus susceptibles de décéder. L'article vient d’être publié dans l'International Journal of Obesity.
Risque plus élevé pour la surcharge pondérale
Étonnamment, le risque lié à une surcharge pondérale serait plus important que celui lié à l'obésité. Les patients en surpoids ont un risque de décéder 40% plus élevé que les patients de poids normal, tandis que les patients obèses ont un risque 30% plus élevé seulement. Par ailleurs, le risque de passer en réanimation pour y être intubé est multiplié par 2 chez les personnes en surpoids et par 2,4 chez les obèses.
Les résultats démontrent clairement qu’un risque de Covid-19 grave est accru chez toute personne ayant un IMC de 25 ou plus, selon les auteurs de l'étude, mais si l'obésité augmente le risque de décès chez les hommes, elle ne semble pas le faire chez les femmes. Ce qui peut s'expliquer par la moindre fréquence d'une augmentation de la graisse viscérale au cours de l'obésité chez la femme avant la ménopause.
La graisse intra-viscérale
Le tissu adipeux intra-abdominal est biologiquement actif, à la différence du tissu adipeuix périphérique, ce qui entraîne des anomalies métaboliques et vasculaires. L'adiposité intra-abdominale favoriserait un état d'inflammation chronique de faible intensité dans l'organisme, même en l'absence d'infection, mais sur une longue période : il affecterait donc la fonction immunitaire de façon permanente.
En outre, l'obésité abdominale, plus fréquente chez les hommes, peut entraîner une compression du diaphragme, des poumons et de la cage thoracique, ce qui peut gêner la respiration. Enfin, la graisse intra-viscérale s’accompagne souvent d’une dysfonction endothéliale qui pourrait favoriser la colonisation intra-endothéliale de ce nouveau coronavirus, avec un risque réaction immunitaire locale et de thrombose diffuse.
L’obésité est bien un facteur de risque
Cette étude confirme que les patients obèses souffrant de la Covid-19 courent un risque accru de mortalité et d'intubation par rapport à ceux dont l'IMC est normal, mais ce risque s'étand désormais au patients en surpoids, au moins chez les hommes, ce qui fait une fraction majoritaire de la population dans des pays comme les Etats-Unis.
Ces résultats confirment l'hypothèse selon laquelle l'obésité et la surcharge pondérale chez l'homme sont des facteurs de risque de complications de la Covid-19 et devraient être pris en compte dans la prise en charge de cette maladie. En France, près de 80% des malades hospitalisés en réanimation pour y être intubés sont des hommes de plus de 60 ans et en surcharge pondérale ou obèses.











