Infectiologie

Coronavirus : pas de bénéfice de l’hydroxychloroquine chez les malades hospitalisés

Chez près de 1400 malades hospitalisés pour une pneumonie Covid-19, l’administration d’hydroxychloroquine à forte dose ne semble pas changer leur pronostic. Il n’y a pas eu de réduction du risque d’intubation ou de décès, y compris chez ceux qui ont aussi reçu de l’azithromycine.

  • BartekSzewczyk/istock
  • 08 Mai 2020
  • A A

    Une équipe de médecins dans un grand hôpital de New York a examiné l’impact de l'utilisation de l'hydroxychloroquine et le risque d'intubation ou de décès chez des malades hospitalisés pour une pneumonie Covid-19 modérée à sévère. Au total, 59% des patients ont été traités à l'hydroxychloroquine, et 60% de ceux qui ont été traités à l'hydroxychloroquine ont également reçu de l'azithromycine.

    Dans cette étude observationnelle portant sur des malades Covid-19 hospitalisés, et publiée dans le New England Journal of Medicine, l'administration d'hydroxychloroquine n’est associée, ni à une forte diminution, ni à une augmentation du risque d'intubation ou de décès, sans impact de l’azithromycine qui a été associé chez quelques malades.

    Pas d’impact mesurable

    Au cours d’un suivi médian de 22,5 jours, 346 patients (25,1 %) ont eu un événement du critère primaire (180 patients ont été intubés, dont 66 sont morts sous intubation, et 166 sont morts sans intubation).

    Dans l'analyse principale sur un suivi médian de 22,5 jours, il n'y a pas d'association statistiquement significative entre l'utilisation d'hydroxychloroquine et l'intubation ou le décès (rapport de risque, 1,04, intervalle de confiance à 95%, 0,82 à 1,32). Les résultats sont similaires dans les différentes analyses multivariées.

    Il n'y a pas non plus d'association significative entre le traitement par l'azithromycine et le critère principal composite après ajustement et score de propension (rapport de risque, 1,03 ; IC à 95%, 0,81 à 1,31).

    Etude observationnelle

    Il s’agit d’un recueil de données sur des patients hospitalisés consécutivement en raison d’une pneumopathie hypoxémiante Covid-19 (pneumonie modérée à sévère avec Sa02 inférieure à 94% sous air ambiant), à l'exclusion de ceux qui ont été intubés, sont décédés ou ont été renvoyés chez eux dans les 24 heures suivant leur admission aux urgences (base de l'étude).

    Ceux qui ont reçu de l'hydroxychloroquine ont pris 600 mg deux fois par jour, le premier jour, puis 400 mg par jour pendant une médiane de 5 jours. L'azithromycine a été administrée à une dose de 500 mg le premier jour, puis de 250 mg par jour pendant 4 jours supplémentaires, en combinaison avec l'hydroxychloroquine, car c’était une autre option thérapeutique suggérée, soit en association avec l’hydroxychloroquine (n = 486), soit sans (n = 127).

    Le principal critère d'évaluation est composite et regroupe l'intubation ou le décès dans la période d’étude. La comparaison des résultats obtenus chez les patients qui ont reçu de l'hydroxychloroquine a été réalisée par rapport à ceux qui n'en ont pas reçu, et l’analyse statistique multivariée a utilisé un modèle de Cox avec une pondération selon un score de propension.

    Large cohorte

    Sur les 1376 patients consécutivement admis et sans critères d’exclusion, 811 (58,9%) ont reçu de l'hydroxychloroquine et 613 de l’azithromycine. Parmi les malades traités avec l'hydroxychloroquine en sus du traitement usuel, 45,8% ont été traités dans les 24 heures suivant leur admission aux urgences, et 85,9% dans les 48 heures suivant.

    Les patients traités à l'hydroxychloroquine sont plus gravement malades au départ que ceux qui n’ont pas reçu d'hydroxychloroquine (rapport médian entre la pression partielle de l'oxygène artériel et la fraction d'oxygène inspiré, 223 contre 360).

    Nous n’avons pas de données sur la tolérance de l’association hydroxychloroquine et azithromycine dans cette étude.

    Pas d’utilisation hors protocole

    Étant donné le caractère observationnel de l'étude et les intervalles de confiance relativement larges, l'étude ne doit pas être considérée comme pouvant permettre d'exclure les bénéfices ou les inconvénients du traitement par l'hydroxychloroquine. Toutefois, ses conclusions ne soutiennent pas la prescription courante de l'hydroxychloroquine à l'heure actuelle, en dehors des essais cliniques randomisés qui en testent l'efficacité.

    Il est décevant que plusieurs mois après le début de la pandémie, nous n'ayons pas encore les résultats des essais contrôlés d'un traitement qui est largement utilisé. De nombreux essais randomisés contrôlés avec l'hydroxychloroquine chez les patients atteints de Covid-19, dont l’essai Discovery, sont toujours en attente sur l’hydroxychloroquine chez les malades hospitalisés. D’autres essais testent l’hydroxychloroquine ou l’association hydroxychloroquine et azithromycine à un stade plus précoce.

    Au moins, l’hydroxychloroquine à forte dose ne semble pas aggraver les malades (ce qui a été observé au cours du Chikungunya).

    Pour pouvoir accéder à cette page, vous devez vous connecter.