Gastro-entérologie
MICI : la modification du microbiote améliore l'inflammation et la régénération de la paroi
Dans la maladie de Crohn et la Rectocolite hémorragique, des cycles répétés de régime hypoprotidique et hypocalorique, mimant le jeûne, modifient le microbiote intestinal et améliorent non seulement l'inflammation, mais aussi la rgénération des lésions inflammatoires du colon et de l’intestin.
- Natali_Mis/istock
Dans les MICI, une série de courtes séquences de régime hypoprotidique, hypocalorique, mimant un jeûne, modifie le microbiote intestinal (augmentation de la proportion de Lactobacillaceae and Bifidobacteriaceae), améliore l’état inflammatoire de la maladie et des intestins et accélère la régénération de la paroi intestinale à partir des cellules souches.
Dans la revue Cell Reports, une équipe de chercheurs de l’University of Southern California a comparé l’effet de 2 régimes hypoprotidiques et hypocalorique appliqués en 2 cycles chez des souris avec MICI. Le groupe pseudo-jeûne recevait un régime végétarien, hypocalorique, hypoprotidique avec 50% des apports caloriques le premier jour et 10% les 3 jours suivant (avant un retour à une alimentation normale). Le groupe jeûne complet consommait uniquement de l’eau pendant 48 heures avant un retour à une alimentation normale.
Les souris avec régime mimant le jeûne ont une amélioration objective de leur inflammation biologique (leucocytes et CRP) et intestinale après seulement 2 cycles de 4 jours de diète alors que les souris qui ne recevaient que de l’eau (diète complète) n’avaient qu’une amélioration minime, ce qui suggèrent que des nutriments indispensables à la rémission sont dans le régime végétarien.
Une maladie de barrière
Dans la maladie de Crohn et la Rectocolite hémorragique, l’inflammation de la muqueuse intestinale est responsable au premier chef des troubles et des lésions de la maladie. Ces maladies inflammatoires du colon et de l’intestin (MICI) ont longtemps été considérées uniquement comme des maladies auto-immunes chronique. Mais, en termes de facteurs de risque, si différentes études ont mis en évidence l’importance des prédispositions génétiques, ce sont surtout les facteurs qui altèrent le microbiote intestinal, et en particulier les antibiotiques, qui sont importants.
C’est ainsi que récemment, de nombreux experts ont classé les MICI comme des « maladies complexes de barrière » et ont souligné l’importance du rôle des modifications du microbiote. Le jeune complet améliore les MICI, comme il améliore les maladies auto-immunes en général, mais c’est un traitement difficile à appliquer et qui ne semble pas suffisant pour restaurer des possibilités de cicatrisation : « après avoir arrêter la destruction de la maison, il faut pouvoir la rebâtir ».
Rebâtir la maison
Cette expérience confirme le rôle décisif du microbiote intestinal sur l’inflammation mais apporte un élément nouveau. Les chercheurs ont en effet observé non seulement une réduction de l’inflammation, mais aussi une augmentation de l’activité des cellules souches, et donc des capacités de régénération, dans le colon et l’intestin grêle avec le régime végétarien. Ils ont également observé que l’intestin des souris s’est allongé après plusieurs cycles de régime végétarien.
Les chercheurs font donc l’hypothèse qu’il ne suffit pas de stopper les causes qui conduisent à ou entretiennent la destruction inflammatoire de la muqueuse intestinale, il faut aussi re-nourrir et reconstruire un microbiote physiologique ainsi qu'une activité régénératrice dans la paroi de l’intestin (avec les cellules souches).
C’est ce que font de courtes séquences de régime mimant le jeûne (hypocalorique, hypoprotidique et végétarien) avant un retour à une alimentation normale et c’est ce que ne suffit pas à faire une diète complète. Ils appellent ce phénomène : « arrêter de démolir la maison et la reconstruire ».
Une étude randomisée chez l’homme est d’ores et déjà programmée.











