Psychiatrie
Dépression : une analyse générale des antidépresseurs utile pour la pratique
Une méta-analyse en réseau de 522 essais cliniques, comprenant un grand nombre d'études non publiées, établit que la plupart des antidépresseurs ont une efficacité avérée vis-à-vis d’un placebo dans le traitement à court terme de la dépression aigüe chez l’adulte. Cette étude permet de hiérarchiser les antidépresseurs en termes d'efficacité et de tolérance.
- billiondigital
Dans le contexte de remise en cause des médicaments en général, et des antidépresseurs en particulier, une gigantesque méta-analyse comportant 522 essais cliniques randomisés en double aveugle sur 21 antidépresseurs utilisés couramment conclut que la grande majorité sont plus efficaces qu’un placebo dans le traitement à court terme de la dépression aigüe de l’adulte.
Publiée dans la revue The Lancet, le 21 février 2018, cette méta-analyse "en réseau" – la plus importante jamais menée en psychiatrie - évalue les données issues de 116 477 malades. La puissance en est renforcée par les données individuelles de 117 000 malades sous antidépresseurs et 26 000 sous placebo.
Pour ses auteurs, cette étude fournit les meilleures données actuellement disponibles pour informer et guider les médecins et les patients lors d’un de traitement. Leurs résultats montrent que parmi les antidépresseurs utilisés couramment qui sont plus efficaces qu’un placebo, certains ont une meilleure efficacité, en cas de premier ou second épisode dépressif chez l’adulte – la population typique observée en médecine générale.
Pas de prise en compte de la psychothérapie
Selon les auteurs, cela ne signifie pas forcément que ces molécules doivent toujours constituer le traitement de première ligne dans la maladie. Un traitement médicamenteux devrait toujours être discuté parmi d’autres alternatives thérapeutiques, comme les psychothérapies. Les psychothérapies peuvent évidemment être associées au traitement médicamenteux. En réalité, les antidépresseurs sont utilisés plus fréquemment que ces dernières, essentiellement par manque de psychothérapeutes.
Une efficacité brute et globale
Dans cette analyse, l’ensemble des 21 antidépresseurs sont plus efficaces qu’un placebo, exceptée la clomipramine, mais les données sur cette molécules sont anciennes. Certains antidépresseurs sont plus efficaces que d’autres si l'on se base sur une mesure standardisée : "l'effet-taille".
Selon cette mesure, l’agomélatine, l’amitriptyline, l’escitalopram, la mirtazapine, la paroxetine, la venlafaxine et la vortioxetine seraient les molécules qui ressortent comme étant les plus efficaces.
Toujours selon la même analyse, les antidépresseurs qui le seraient moins sont la fluoxetine, la fluvoxamine, la reboxetine et la trazodone.
L'acceptabilité par les malades différente de l'efficacité
En termes d’acceptabilité, une analyse qui prend en compte, non seulement l'efficacité brute, mais aussi la tolérance et les abandons de traitements, l’agomélatine, le citalopram, l’escitalopram, la fluoextine, la sertraline et la vortioxetine sont les molécules qui s'en sortent le mieux.
Les moins acceptées en revanche seraient l’amitriptyline, la clomipramine, la duloxetine, la fluvoxamine, la reboxetine, la trazodone et la venlafaxine.
Des données à relativiser
Les auteurs de l’étude précisent que les données portaient sur des études d'une durée moyenne de 8 semaines et qu'il n'est donc pas possible de tirer des conclusions sur l'efficacité des traitements antidépresseurs sur le long terme. L'analyse des données individuelles de près de 140 000 malades renforce incontestablement la valeur des résultats, mais tous les biais n'ont sans doute pas pu être éliminés au vu de la mauvaise qualité de certaines études
Par ailleurs, ces résultats contrastent avec une analyse similaire qui a été menée chez les enfants et les adolescents. Cette dernière conclut que la fluoxetine serait probablement le seul antidépresseur qui pourrait réduire les symptômes dépressifs dans cette catégorie de la population. Il faut simplement remarquer que les études sont peu nombreuses chez les enfants et les adolescents, ce qui peut expliquer les résultats, sans aller rechercher des différences des troubles impliqués chez les adolescents par rapport aux adultes.
Cette nouvelle analyse apporte donc des données contributives pour la pratique clinique, ainsi que pour les agences de santé.











