Psychiatrie
Dépression : déficits dans le diagnostic et le traitement
La conclusion des nouvelles recommandations de la Haute Autorité de Santé est un avertissement à tous les médecins pour une maladie qui a touché touche ou touchera 1 Français sur 5…
- 18percentgrey/epictura
Contrairement à sa dernière version il y a quelques années, les recommandations de la HAS pour la dépression, qui viennent d eparaître, s’adressent en priorité aux professionnels de santé et plus particulièrement aux médecins de famille. C’est d’ailleurs le bon terme tant le repérage de cette maladie, insidieuse et sans doute trop fréquente pour alerter, laisse à désirer.
Un déficit dans le diagnostic
Les symptômes sont tellement simples que l’entourage, mais aussi les médecins de famille, passent souvent à côté. La HAS revient donc sur les signes qui doivent alerter : d’abord de la tristesse, une infinie tristesse, qui envahit et rend les relations avec les autres difficiles. Ce qui fait le sel de la vie disparaît : la motivation, l’enthousiasme, le goût de vivre. Tout devient pesant et pénible. La sensation d’échec et le pessimisme sont de règle.
Ce rappel a des objectifs essentiels : certes améliorer la qualité de vie, mais surtout prévenir le risque de suicide. Rappelons qu’il y a 10 500 suicides et 200 000 tentatives chaque année en France. Ce qui en fait un vrai problème majeur de santé publique.
Trop d’antidépresseurs et d’anxiolytiques
C’est au niveau du traitement que les mauvais élèves sont les plus nombreux. En résumé on pourrait dire que les médecins ont la main lourde. Par exemple en cas de dépression légère les médicaments anti-dépresseurs ne sont absolument pas justifiés. C’est le domaine de prédilection de la psychothérapie. Avec un argument de défense de taille pour les médecins : le nombre insuffisant de psychothérapeutes disponibles devant le nombre impressionnant de malades que nécessiterait cette approche idéale. Et le manque de temps pour les médecins, pour faire le travail équivalent. Le recours au psychothérapeute a aussi l’avantage de ne pas avoir à prononcer le mot de psychiatre qui est toujours mal perçu, surtout dans notre pays.
Une mise au point nécessaire
Ces recommandations sont une mise au point qui s’imposait : notre pays consomme trop de psychotropes, avec une confusion entre deux grandes familles. Les antidépresseurs qui se proposent de soigner la dépression nerveuse et les anxiolytiques dont le rôle est de calmer l’angoisse à court terme. Les deux sont sur-prescrits, les anxiolytiques encore plus que les antidépresseurs d’ailleurs. La France est au cinquième rang mondial… Cela fait beaucoup trop de monde : environ 20% de la population suit un traitement antidépresseur.
Pour une dépression réelle, diagnostiquée, ces médicaments ne sont pas miraculeux… juste indispensables. C’est pourquoi ils ne doivent pas être diabolisés mais prescrits à bon escient. La dépression nerveuse se soigne et c’est une perte de chance terrible de ne pas le faire correctement.
Car les effets secondaires – en dehors du coût qui est une des vraies raisons de la publication de ces recommandations – sont importants : somnolence ou au contraire, excitation, constipation, prise ou perte de poids, sécheresse de la bouche, baisse de tension, baisse de libido, difficultés sexuelles... Sans oublier le plus paradoxal : au cours d'un épisode dépressif majeur, la prise d'un antidépresseur peut conduire la personne à trouver le courage de mettre fin à ses jours.











