Neurologie
Hypertension intracrânienne idiopathique : nouvel espoir des agonistes du GLP-1
À un an, les patients souffrant d’hypertension intracrânienne idiopathique (HTIC) traités par un agoniste du récepteur GLP-1 auraient deux fois moins de céphalées et d’œdèmes papillaires, nécessiteraient moitié moins souvent une intervention de dérivation et réduiraient leur polythérapie, sans amaigrissement spectaculaire.

- Shidlovski/istock
L’hypertension intracrânienne idiopathique (HTIC), qui menace la vision des femmes jeunes obèses, reposait jusqu’ici sur la perte pondérale, l’acétazolamide et, en cas d’échec, le shunt lombo-péritonéal ou le stenting sinusien. Parce qu’ils induisent une satiété durable et, chez l’animal, freinent la sécrétion de LCR, les agonistes GLP-1 ont été examinés dans la base TriNetX (67 centres américains, 2005-2024).
Sur 44 373 dossiers, 603 patients ayant débuté un analogue du GLP-1 dans les six mois du diagnostic ont été appariés à 555 témoins selon l’âge, le sexe, l’IMC et les comorbidités. Selon les résultats publiés dans JAMA Neurology, au terme de douze mois, l’usage d’un GLP-1 RA divise par deux la nécessité d’autres traitements (RR 0,53 ; IC à 95 % 0,46-0,61) et abaisse nettement les marqueurs clés de la maladie : céphalées (RR 0,45), troubles visuels/blindness (RR 0,60) et œdème papillaire (RR 0,19).
Au-delà de la balance : bénéfices symptomatiques durables et bonne tolérance
Malgré une diminution modeste de l’IMC (-1,2 point ; 41,8 ± 8,8 → 40,6 ± 9,2 kg/m² ; p = 0,10), les procédures invasives chutent de 56 % (RR 0,44 ; 0,30-0,63) et la mortalité de 64 % (RR 0,36 ; 0,18-0,73). Les effets persistent dans les sous-groupes d’IMC ≥ 40 ou < 40 kg/m², renforçant l’idée d’un mécanisme additionnel, possiblement la réduction directe du flux de LCR via les récepteurs GLP-1 du plexus choroïde.
Les événements indésirables recensés sont surtout digestifs, d’intensité légère à modérée, sans retrait thérapeutique rapporté, ce qui contraste favorablement avec l’intolérance fréquente de l’acétazolamide. À noter que, comparée à la chirurgie bariatrique, la stratégie médicamenteuse procure de meilleurs résultats cliniques immédiats tout en restant moins coûteuse, même si la perte pondérale est inférieure.
Des données de vie réelle pour redessiner l’algorithme thérapeutique
Cette étude rétrospective, large et multicentrique, bénéficie d’un appariement rigoureux qui limite les biais de sélection ; elle corrobore le signal positif de l’essai randomisé IIH:Pressure (exenatide) et des modèles précliniques. Ses limites tiennent au codage des dossiers, à l’absence de détail sur la molécule, la dose ou l’observance, et à la prédominance de centres nord-américains.
Selon les auteurs, la convergence des résultats invite à envisager l’introduction précoce d’un analogue du GLP-1 chez les patientes jeunes obèses avant de programmer un geste invasif, avec un suivi ophtalmologique et céphalique rapproché pour confirmer la réponse. Les futurs essais randomisés de phase III devront comparer en face-face les différentes molécules incrétinomimétiques, évaluer leur synergie éventuelle avec la chirurgie bariatrique et préciser la durabilité de l’effet au-delà d’un an. D’ici là, les analogues du GLP-1 ouvrent une voie médicamenteuse prometteuse qui pourrait, pour la première fois, contrôler la pression intracrânienne sans scalpel ni intolérance majeure.